Cette semaine, je vous emmène sur le territoire merveilleux (et un peu flippant parfois, osons le dire) des reconversions professionnelles... Plus précisément, nous allons parler des reconversions en… chef de chantier ! Haha, je plaisante bien-sûr ! Je ne me permettrais pas d’aborder un secteur que je ne connais quasiment pas. Du coup, je vous propose plutôt de parler des reconversions dans le yoga ! 

Quelques mots sur ma propre reconversion

Si vous me connaissez et si vous avez lu ma bio, alors vous savez sans doute que dans les 27 ans de ma vie, dont 4 ans environ de vie « active » depuis la fin de mes études et mon master II en poche, je ne suis pas devenue directement prof de Yoga...

J’ai mis « active entre guillemets parce que je reste persuadée qu’on n’a pas besoin d’avoir un emploi pour être actif/ve. Pour ma part, quand j’étais en prépa, j’avais 35 heures de cours par semaine et une bonne masse de boulot à faire à la maison. Je crois que mon pic d’activité cérébrale s’est plus situé à ce moment-là que quand j’ai rejoint ce qu’on appelle la « vie active », à savoir un petit bureau avec des horaires de bureau…

Et je pense aussi à toutes ces mamans et papas au foyer et à toutes les personnes qui donnent sans compter leur temps à des association. Pour moi, ce sont des vies très actives et tellement bienfaisantes pour l’entourage !! Bref 🙂

Ca me permet de rebondir sur ce que je voulais vous raconter :  j’ai eu un autre métier avant, à savoir : attachée culturelle, et plus précisément Chargée de programmation et de communication…

En lisant ça, vous pensez peut-être :

Eh ben !!! Comment peut-on faire un tel virage à 180° ? Et si jeune encore ?

Eh bien, au lieu de vous parler seulement de moi, car après tout je ne suis qu’un petit poisson dans le bel océan où évoluent tous les profs de Yoga du monde, j’ai eu envie de faire participer plusieurs collègues professeurs de Yoga. Et je leur ai demandé de nous raconter leurs reconversions.  

Vous trouverez donc ici un article polyphonique à 8 voix (7 professeurs qui participent et moi qui les interviewe). C’est un article co-construit et qui contient beaucoup de sagesse et d’envie de partager émanant de chaque personne qui a accepté de témoigner et de partager avec nous.

Avant tout, j’aimerais remercier ma collègue et amie Cath Bellières, professeur de Yoga chez Candra Yoga à Metz. C’est Cath qui a initialement posé une question concernant la reconversion sur le groupe Facebook que j’ai créé pour les profs de Yoga.

A ce propos…psttt : si vous êtes prof de Yoga, rejoignez-nous, c’est trop le fun là-bas, comme diraient nos amis québécois !

La question de Cath a fait un sacré « tilt » dans ma tête et m’a donné envie de lui consacrer un article ici sur le blog. Je suis très chanceuse car Cath m’a donné son accord, avec beaucoup de coeur, pour publier les témoignages des professeurs. Alors merci beaucoup Cath, you rock !! 🙂

Bon, je sais que vous avez hâte de découvrir les parcours de reconversions des profs de Yoga… Alors je ne vais pas vous faire languir davantage. On est parties, let’s go !

Maria Rosillo Boudon, Créatrice de VivaYoga et professeur de Yoga, Paris

 

Claudia YogaPassion : Salut Maria ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs et lectrices de YogaPassion qui ne te connaîtraient pas encore ?

Maria Rosillo Boudon : Namasté. Je m’appelle Maria j’ai 38 ans et je suis professeure de yoga et réflexologue.

Claudia YP : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le Yoga ?
Maria RB: J’ai rencontré le yoga suite à un appel impérieux qui se faisait de plus en plus présent et que je ne pouvais plus ignorer.
C’était en septembre 2009! Je m’en souviens précisément car cela correspond à une période bien particulière de ma vie.

Claudia YP : Quel était ton 1er métier, avant le Yoga ?
Maria : J’étais comédienne. Depuis plus de 15 ans.

Claudia YP : Comment l’idée a-t-elle germé en toi de devenir prof de Yoga ?

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Maria : Elle n’a pas vraiment germé… Elle s’est imposée. Comme une évidence.
J’ai commencé le yoga par du yoga vinyasa chez Gérard Arnaud. Ce fut un véritable coup de foudre et je pense vraiment que c’était le yoga qu’il me fallait.
J’étais en effet très yin et ce yoga dynamique, très yang contrebalançait mon tempérament.
J’ai très vite fait des ateliers avec Gérard, des stages et le yoga prenant plus de place je me détachais du théâtre et de son milieu que je ne supportais plus depuis quelques temps.
Tout s’est fait de manière naturelle sans le réfléchir, sans l’intellectualiser.

Je ne me suis pas dit :

« J’arrête mon métier, ma passion de la scène pour devenir prof de yoga!! »

J’étais tellement loin physiquement de l’envisager! J’étais raide, ne connaissais rien aux textes ni au pranayama mais sa spiritualité me parlait profondément et réveillait en moi ce quelque chose que j’avais trop longtemps gardé enfoui…
Alors j’ai mis tout mon temps, mon argent, pour m’offrir des stages, ateliers et cours que j’enchaînais; et tout naturellement j’ai arrêté de passer des auditions, je me suis éloignée de ce milieu théâtral parisien et personne n’étant venu me chercher (non vraiment personne ;-)) tout s’est arrêté.
Y compris le chômage!
Période très dure où je me suis retrouvée sans logement, au RSA, sans horizon professionnel.
Mais peu m’importait : je pratiquais encore et encore…
J’ai fait 3 demandes à l’AFDAS (organisme pour les intermittents) pour me faire financer la fameuse formation de Gérard Arnaud. 2 refus qui me persuadèrent de continuer.
Ce qui est étrange car j’avais à l’époque le moral bien bas et malgré tout je gardais ce but de me former. Non pas pour enseigner car, comme je le disais je me sentais très très loin de tout cela, mais pour moi. Pour mon chemin de vie.
La 3ème et dernière tentative fut la bonne et mon dossier de prise en charge fut accepté.
A partir de là tout s’est accéléré.
J’ai beaucoup pratiqué, lu, appris et partagé.
La formation fut très intense, j’ai eu de beaux moments notamment avec mon binôme de formation : Morgane. Ce fut la première à m’encourager à enseigner.
Au milieu de la formation j’ai donné quelques cours particuliers à une amie professeure de yoga qui elle aussi m’a encouragé.
Alors j’ai commencé à y penser très sérieusement.
Mon amie a parlé de moi à une prof qui cherchait quelqu’un sur Rambouillet et après un cours test elle m’a proposé plusieurs créneaux dans son centre.
Et c’était parti!
La première année fut riche d’enseignements d’échanges et de partages avec les élèves mais difficile financièrement…
Aujourd’hui je travaille dans deux studios et en cours privés et je m’en sors enfin mieux!

Claudia YP : Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tu t’es senti(e) soutenu(e) ou pas ?
Maria : Je me suis retrouvée célibataire… Mais heureuse!!!

Claudia YP : Que penses-tu de ton choix, rétrospectivement ? Quelles sont tes sources de joie ? Des difficultés éventuelles ? Arrives-tu à vivre décemment de ton métier de prof de Yoga maintenant ?
Maria : Je suis très heureuse de mon chemin de vie et je remercie chaque jour la vie de m’avoir fait traverser toutes ces étapes!
Bien que difficile j’en suis plus forte et je sais la chance que j’ai.
Par contre rien n’est jamais acquis (comme pour tout) on peut du jour au lendemain ne plus avoir d’élèves ou, dans mon cas, se faire remplacer, ou encore que le studio ferme…
Bref, ce n’est pas tranquille du tout! Mais tant mieux : ainsi on reste en éveil permanent!
Je ne peux pas me plaindre financièrement moi qui ait connu beaucoup de galères entre les périodes avec intermittence et RSA…
Je vis correctement et cela me suffit.

Claudia YP : Si tu devais partager ton meilleur conseil avec les futur(e)s profs de Yoga, que leur dirais-tu ?
Maria : De se laisser porter par ses envies et d’y croire! Mais de garder en tête que nous sommes très nombreux et que l’on ne fait pas cela pour l’argent!!

Claudia YP : As-tu quelque chose à ajouter ?
Maria : Oui, aujourd’hui je travaille beaucoup. 7/7j sans relâche. Quelques vacances scolaires seulement. C’est le « prix à payer » pour qui n’a pas de conjoint. Mais pas que pour les célibataires d’ailleurs (rires) car on paye beaucoup de taxes et d’impôts! Il faut bien prendre cela en compte avant de se lancer.
En tant qu’auto-entrepreneur le travail est double, voir triple!!!

Claudia YP : Où peut-on te retrouver sur Internet ? (site web, blog, page FB, Twitter…)
Maria : Mon site: vivayoga.fr
facebook : viva yoga

Jennifer Will, Professeur de Yoga, Strasbourg

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Claudia YogaPassion : Salut Jennifer ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs et lectrices de YogaPassion qui ne te connaîtraient pas encore ?

Jennifer : Bonjour à tous les lecteurs de ce blog, je suis enseignante à Strasbourg, principalement dans un centre qui s’appelle Yogamoves. Je n’aime pas me définir dans un type de yoga spécifique, pour moi la pratique change selon le besoin. J’ai commencé par du hatha et j’ai rapidement essayé tous les styles possibles et imaginables et je continue de pratiquer au gré de mes humeurs. Joie, profondeur et Ahimsa. Puissent tous les êtres trouver leur voie.

Claudia YP : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le Yoga ?

Jennifer : J’ai découvert le yoga grâce à une rencontre lors de mon premier cours Vipassana, à la fin du cours je me suis liée d’amitié avec un servant du cours et quelques mois plus tard j’ai partagé une semaine de vacances avec lui et il m’a donné mes premiers cours qui étaient donc des cours particuliers. La posture qui m’a séduite était Supta Baddha Konasana avec les accessoires, la paix que j’ai ressentie en moi ce jour là est inoubliable, sans doute aussi parce que les quelques postures précédentes avaient préparé cet état de bien-être (Adho Mukha Svanasana, Trikonasana).

Claudia YP : Quel était ton 1er métier, avant le Yoga ?

Jennifer : Avant d’enseigner le yoga j’étais technicienne de laboratoire dans une unité de production de cellules souches, mon travail était tranquille, méticuleux et dans une ambiance calme. Techniquement j’adorais ce que je faisais, ce qui m’a posé problème c’est l’éthique, plus précisément l’expérimentation animale. J’ai commencé à me soigner de plus en plus par des méthodes naturelles, je ne trouvais plus aucun intérêt à donner de mon temps pour la fabrication de médicaments, je me suis tournée vers les traditions. (…)

Claudia YP : Comment l’idée a-t-elle germé en toi de devenir prof de Yoga ?

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Jennifer : Après deux ans de pratique régulière j’ai voulu prendre un cours pour me perfectionner, c’est dans ma formation de professeur et pendant les exercices de ‘pratique d’enseignement’ que j’ai découvert une joie profonde de transmettre et j’ai finalement décidé de le poursuivre professionnellement. Je vivais alors depuis un an au Mexique et j’ai commencé par reprendre les cours d’un enseignant qui partait, tout s’est mis très vite en place, j’ai suivis le courant.

Claudia YP : Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tu t’es senti(e) soutenu(e) ou pas ?

Jennifer : Mon entourage s’est toujours transformé avec mes passions, donc les amis étaient ravis. La famille ne s’est pas opposée car ils savent que rien ne m’arrête et il vaut mieux m’avoir proche en m’acceptant, je n’ai pas peur de prendre des distances avec les individus qui voudraient me contrôler.

Claudia YP : Que penses-tu de ton choix, rétrospectivement ? Quelles sont tes sources de joie ? Des difficultés éventuelles ? Arrives-tu à vivre décemment de ton métier de prof de Yoga maintenant ?

Jennifer : Je suis déterminée à continuer dans ma carrière d’enseignante. Ma principale difficulté du moment c’est la gestion de la répartition des cours que je donne, je remplace très souvent d’autres enseignants et parfois ce n’est pas bien réparti sur la semaine au point où je n’ai pas de jour de repos pendant 15 jours. Je me considère encore à la naissance de mes projets ce qui me rend tributaire de la moindre opportunité d’enseigner.

Claudia YP : Si tu devais partager ton meilleur conseil avec les futur(e)s profs de Yoga, que leur dirais-tu ?

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Jennifer : Aux futurs enseignants je conseille de toujours de se remettre en question, de donner le meilleur de soi à chaque instant et de s’assurer que le yoga est une passion, une forme de vie et non un gagne-pain, s’il arrivait qu’il devienne un gagne-pain alors avoir la force de s’arrêter.

Claudia YP : As-tu quelque chose à ajouter ?

Jennifer : Il est certainement important de mentionner que ma première profession après celle de technicienne de laboratoire a été celle de praticien de la méthode Atlasprofilax®, méthode que j’exerce toujours en plus des cours de yoga.

Claudia YP : Où peut-on te retrouver sur Internet ? (site web, blog, page FB, Twitter…)

Jennifer :

Page Facebook : Jennifer WILL YOGA facebook.com/jenniferwillYOGA

Site web : www.equilibre-yoga-jennifer-will.com

Emmanuelle Turlet, Professeur de Yoga, Saint-Denis, région parisienne

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Claudia YogaPassion : Salut Emmanuelle ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs et lectrices de YogaPassion qui ne te connaîtraient pas encore ?

Emmanuelle : Bonjour, je suis Emmanuelle 42 ans, professeur de yoga et masseuse depuis bientôt 3 ans. J’habite à saint Denis dans le 93.

Claudia YP : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le Yoga ?

Emmanuelle : Depuis l’âge de 3 ans, mon univers, c’était la danse. En grande passionnée, j’ai débuté par du classique, le modern Jazz, le contemporain j’ai expérimenté plusieurs styles comme le gros k (danse traditionnelle de la Guadeloupe) jusqu’au buto, et même le baratanathiam et par l’intermédiaire d’une amie il y a bientôt 20 ans, j’ai découvert le Yoga au début j’y allais juste pour l’accompagner car j’avais des idées pré-conçues (bon pour les babas cool de Goa, ou ceux qui souhaitent aller vers des choses plus ésotériques…..Et au final, je m’y suis laissée prendre. Mes professeurs de l’époque Mika de brito et Nico shanti donnaient des cours à l’espace ridick.
Au fur à mesure, j’ai eu envie comme pour la danse d’aller plus loin dans ma pratique, de tester différents styles ashtanga, halta,bikram, wall,vinyasa, l’aérien yoga intégral, la méditation, le raja yoga.

Claudia YP : Quel était ton 1er métier, avant le Yoga ?
Emmanuelle : Avant je travaillais dans la téléphonie mobile, j’ai été analyste Fraude pour un opérateur.

Claudia YP : Comment l’idée a-t-elle germé en toi de devenir prof de Yoga ?

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EmmanuelleJ’ai eu le déclic grâce à une collègue à qui j’avais conseillé de faire du yoga qui au final est partie diplôme en poche pour ouvrir une salle en banlieue, là, je me suis dit mais pourquoi pas moi, après des mois de recherche en faisant du bénévolat pour le festival yoga, j’ai trouvé l’école qui me convenait culture yoga (anciennement AFY) j’y ai fait 2 ans d’apprentissage intensif et obtenu plusieurs diplômes (yoga intégral, artistique,somayog….)
J’ai fini par me lancer en temps qu’auto entrepreneur il y a plus d’un ans en bénéficiant d’un plan de départ volontaire avec pas mal d’avantages comme une prime de départ, une bourse pour des formations (massages ayurvédique), un suivi avec une société de coaching (pour m’aider à m’installer) et le droit aux assedic.

Claudia YP : Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tu t’es senti(e) soutenu(e) ou pas ?

Emmanuelle : Personnellement, mon entourage à été très encourageant, que se soit au niveau de ma famille ou de mes amis, je n’ai eu aucun reproche bien au contraire dès le départ chacun m’a encouragée dans mon choix, de plus je ne prenais pas beaucoup de risques.

Claudia YP : Que penses-tu de ton choix, rétrospectivement ? Quelles sont tes sources de joie ? Des difficultés éventuelles ? Arrives-tu à vivre décemment de ton métier de prof de Yoga maintenant ?
Emmanuelle : Honnêtement, je ne regrette absolument rien de mon parcours, tout s’est mis en place au bon moment, en partant de mon ancien boulot, je n’avais pas de haine, ou de la lassitude, je savais juste que c’était le bon moment et qu’il ne fallait pas que je loupe cette opportunité d’ouvrir un nouveau chapitre de ma vie.
Certes tout n’est pas facile, surtout quand on est à son compte, il faut trouver des créneaux, savoir se vendre, s’occuper encore plus de la paperasse administrative, se battre avec la dame de pôle emploi, savoir qu’au début, il faut courir, ne pas compter ses heures, et savoir que pour bien gagner sa vie surtout dans Paris il faut être patient et savoir ne pas louper les bonnes occasions quand elles arrivent.
Claudia YP : Si tu devais partager ton meilleur conseil avec les futur(e)s profs de Yoga, que leur dirais-tu ?
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Emmanuelle : Si j’ai un bon conseil à donner surtout à la future génération de profs, c’est d’écouter son Coeur, ses envies, ne rien lâcher et se dire que chaque jour est une belle opportunité d’aller vers des choses meilleures, savoir que de temps en temps, il faut lâcher prise, être dans la bienveillance et savoir se remettre en question quand il le faut.
Et se dire que le fait d’être libre de gérer son temps, de voir le sourire de vos élèves à chaque fin de cours ou de travailler décontracté et pieds nus, ça vaut tout l’or du monde.
Claudia YP : Où peut-on te retrouver sur Internet ? (site web, blog, page FB, Twitter…)
Emmanuelle :

Olivia Charpentier, créatrice de Sofroyogy et professeur de Yoga, Lozère

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Claudia YogaPassion : Salut Olivia ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs et lectrices de YogaPassion qui ne te connaîtraient pas encore ?

Olivia Charpentier : Namaste Claudia, namaste les lecteurs !  je m’appelle Olivia Charpentier (Tusoli) et suis professeur de Ashtanga Vinyasa et Hatha yoga, sophrologue et comédienne.

Après 15 années passées à Paris, j’ai décider d’écouter mon besoin profond de me reconnecter à la nature et je vis maintenant la majeure partie du temps en Lozère, entre Aubrac, Gorges du Tarn et Cévennes. Je partage ma vie entre pratique personnelle et enseignement du yoga et participe aux projets artistiques qui me tiennent à coeur.

Claudia YogaPassion : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le Yoga ?

Olivia C : Je suis partie à Paris à 17 ans pour vivre ma première passion : l’art dramatique. Après une formation littéraire (hypokhâgne et arts plastiques), j’ai rapidement eu la chance de pouvoir exercer le magnifique métier de comédienne, qui m’a permis de vivre mille et une vies, de rencontrer des gens et des univers très différents.

Dès mes débuts dans cette profession,  j’ai pris conscience de la nécessité du travail corporel. Au conservatoire, nous avions des cours d’expression corporelle et de yoga, qui étaient fondamentaux.

Pour vivre un rôle, il faut d’abord incarner le personnage, c’est à dire le comprendre physiquement, savoir ce qu’il ressent, et dans quels endroits du corps (les fameux chakras ;)…) cela se passe, apprendre à lâcher prise pour laisser place à la créativité.

Pour que chaque seconde de jeu soit un moment de vérité, il faut que l’acteur croit à ce qu’il fait. Pour cela, il doit être au moment présent et non dans l’anticipation des scènes suivantes…

Il y a aussi le trac, que le travail du souffle et de la relaxation permet de maîtriser.

Et puis la capacité à s’abandonner, à faire confiance au partenaire, à ne pas se juger et ne pas se regarder  jouer…

Tant d’aspects que la pratique du yoga rend fluides….

L’ironie du sort étant que plus le yoga a amélioré la qualité de mon jeu et ma confiance en moi, plus j’ai eu envie d’apprendre et de pratiquer le yoga pour lui même et non plus comme un outil pour mon métier de comédienne….

Et c’est ainsi qu’il a progressivement pris la première place dans ma vie.

Claudia YogaPassion : Quel était ton 1er métier, avant le Yoga ?

Olivia C. : Oups je crois que je viens de répondre à la question ! comédienne donc !

Claudia YogaPassion : Comment l’idée a-t-elle germé en toi de devenir prof de Yoga ?

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Olivia C : Je pratique depuis 13 ans environ. Cela a été une évidence, c’était vraiment une envie profonde, une nécessité intérieure de transmettre, de partager ce qui me procurait tant de joie. 

Donner mon premier cours  a été une révélation. Pour la première fois de ma vie, je me sentais complètement unifiée, à ma place, heureuse et en paix.

C’était une joie très différente de celle que je connaissais au théâtre, qui met dans un état d’excitation, d’euphorie.

Après ce premier cours, je me suis endormie comblée, en me disant « Désormais je veux faire ce métier »

Sauf que le lendemain je me cassais le poignet au ski ! Impermanence des choses… Cela m’a appris la patience, l’acceptation, et m’a aidé à développer les aspects intérieurs du yoga.

Moi qui étais hyperactive de nature, j’ai dû attendre 6 mois avant de pouvoir suivre  la formation professionnelle que j’avais choisie !

Claudia YP : Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tu t’es senti(e) soutenu(e) ou pas ?

Olivia C : Ils n’ont pas trop réagi, ils étaient un peu interloqués de voir que je prenais un autre chemin que celui pour lequel j’avais consacré tant d’énergie jusqu’alors.

Certains ont eu peur que je rentre dans une secte, ma mère qui a plutôt peur du changement a commencé à dire que finalement « intermittente du spectacle » c’était « moins précaire » après tout ! Mes amis étaient assez contents parce que je leur donnais des cours.  En fait je n’ai pas vraiment attendu d’approbation et rapidement tout le monde a vu à quel point j’étais épanouie par ce choix. Et finalement tout mon entourage s’est mis au yoga aussi, même ma mère 😉

Claudia YP : Que penses-tu de ton choix, rétrospectivement ? Quelles sont tes sources de joie ? Des difficultés éventuelles ? Arrives-tu à vivre décemment de ton métier de prof de Yoga maintenant ?

Olivia C : Je remercie chaque jour les personnes et les circonstances qui ont permis que le Yoga entre dans ma vie. Il a transformé ma manière de voir les événements, m’aide à vivre pleinement chaque instant et à garder mon équilibre même dans les périodes plus instables. Il a vraiment développé ma souplesse certes physique mais surtout mentale, c’est à dire mes capacités d’adaptation au flux de la vie.

Grâce au yoga j’ai pu faire des choix difficiles, renoncer à des choses pour privilégier l’essentiel, et avancer en cohérence avec mes valeurs, en faisant confiance en la vie. J’ai l’impression que plus je donne, plus je lâche-prise, plus je reçois de l’univers.

Je suis heureuse de me sentir en bonne santé, bien vivante, et chaque jour je m’émerveille d’avoir cinq sens, un système hormonal, respiratoire, cardiaque, des jambes et des bras qui fonctionnent, et je suis heureuse de pratiquer aussi pour préserver ce bien-être. Car la santé est notre vraie richesse et « le corps est le temple de l’âme ».

J’ai appris à me réconcilier avec mon corps et à m’accepter avec mes limites. Avec le recul, je réalise que plein de petits maux du quotidien et des problèmes de santé plus importants ont complètement disparu ainsi qu’une certaine insécurité diffuse que je pouvais ressentir autrefois. Je me sens plus ancrée, plus stable, solide et légère à la fois.

Je suis heureuse de transmettre et rien ne me comble plus que de voir le sourire et le regard joyeux de mes élèves après le « namaste » final. 

Je suis heureuse aussi, quand un enfant naît d’une maman que j’ai accompagnée en yoga prénatal, j’ai l’impression d’avoir réellement contribué à apporter quelque chose à la vie sur cette planète.  

Dans notre monde actuel et avec l’effondrement des anciens systèmes, je pense qu’il y a urgence à apprendre à méditer, à se questionner sur qui nous sommes, comment nous pouvons apprendre à vivre en paix et à partager les ressources, à préserver notre environnement et tout cela c’est aussi le chemin du yoga.

Prof de yoga, à mon sens, n’est pas seulement un métier, c’est une discipline de vie, et quelque chose qui s’impose à soi. Cela me nourrit profondément, pas exclusivement sur le plan financier. D’ailleurs l’on apprend aussi à modérer ses besoins matériels  (cf les Yogas Sutras : les niyamas : aparigraha  et bramacharya).

Claudia YP : Si tu devais partager ton meilleur conseil avec les futur(e)s profs de Yoga, que leur dirais-tu ?

Olivia C : Pratiquer chaque jour ! ça parait évident mais c’est vraiment important, et s’interroger sur sa pratique, savoir l’adapter à ses besoins du moment. Lire les textes fondateurs, continuer à se former, à explorer…Prendre du plaisir à tout cela. Essayer d’appliquer les valeurs du yoga dans sa propre vie, agir du mieux que l’on peut tout en se détachant du résultat de l’action.

Observer vraiment les élèves, être dans la bienveillance tout en se montrant rigoureux et précis.

Claudia YP : As-tu quelque chose à ajouter ?

Olivia C : Si vous souhaitez qu’on se rencontre, le prochain stage Ashtanga et Sofroyogy a lieu du 2 au 6 mars en Lozère, dans l’Aubrac. C’est une très belle région, idéale pour se ressourcer et méditer. Le stage est  proche des sources d’eau chaudes naturelles de la station thermale de la Chaldette,  on peut aussi skier et faire des balades en raquettes pendant les temps libres. Pratiquer dans la nature démutiplie vraiment les bienfaits du yoga, c’est extraordinaire.

Claudia YP : Où peut-on te retrouver sur Internet ? (site web, blog, page FB, Twitter…) 

Olivia C : ma page facebook / SOFROYOGY  www.sofroyogy.com

UN GRAND MERCI CLAUDIA de m’avoir invitée sur ton blog <3

Om shanti

Mike Charbit, Professeur de Yoga, Paris

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Claudia YogaPassion : Salut Mike ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs et lectrices de YogaPassion qui ne te connaîtraient pas encore ? 

Mike Charbit : Je m’appelle Mike, 43 ans, 2 enfants et je suis prof de yoga depuis 2011, formé chez Gérard Arnaud ( RYT 200) en hatha et vinyasa. Je suis actuellement en reconversion, ayant été consultant informatique et je suis actuellement en formation fitness.

Claudia YP : Peux-tu me raconter comment tu as découvert le Yoga ?

Mike C : J‘ai découvert le yoga à l’université en 1995, au sein de l’association sportive de l’université. J’ai ensuite pratiqué de façon personnelle et désorientée jusqu’à suivre un stage au sein de Sivananda à Paris en 1998 (thème : sirsasana) et ainsi de suite jusqu’à mon entrée au sein de la FFY.

Claudia YP : Quel était ton 1er métier, avant le Yoga ?

Mike C : J’ai été consultant et chef de projet informatique, au sein d’un opérateur de TV payante entre 1999 et 2005, et prestataire entre 2007 et 2012. Depuis 2012, j’exerce avec plus de temps le métier de professeur de yoga, en structure de sport, associations, entreprise et en cours particuliers.

Claudia YP : Comment l’idée a-t-elle germé en toi de devenir prof de Yoga ?

Mike C : Lorsque je me suis inscrit, en 2009, dans le studio de Gérard Arnaud, je faisais partie de ces élèves qui recherchaient une pratique dirigée et structurée, tout en ne focalisant pas sur une démarche spirituelle particulière. Comme la formation s’étalait sur deux ans, et comme des événements majeurs sont intervenus dans ma vie privée et professionnelle, une tendance à vouloir transmettre a germé progressivement. Une amie, à qui j’avais fait une petite séance, m’avait convaincu de donner « des vrais cours ».

Claudia YP : Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tu t’es senti(e) soutenu(e) ou pas ?

Mike C : Mon entourage avait globalement bien réagi, au début. Tant que cela ne venait pas perturber mon métier initial (et les revenus …), j’étais fantastique. Puis les aléas allant et venant, cette activité a pris plus d’importance. Le soutien et la compréhension ont commencé à devenir de plus en plus relatifs. J’en ai parlé dans mon mémoire de fin de formation.

Aujourd’hui, les choses sont posées et je continue à me former (dans le domaine du fitness cette année mais qu’en sera-t-il l’an prochain ?) pour poursuivre ce chemin. Le principal étant (et est accepté maintenant), que cela puisse fournir assez de revenus pour pouvoir vivre, mais aussi que cette activité soit en accord avec mes valeurs et l’impact sur la santé.

Claudia YP : Que penses-tu de ton choix, rétrospectivement ? Quelles sont tes sources de joie ? Des difficultés éventuelles ? Arrives-tu à vivre décemment de ton métier de prof de Yoga maintenant ?

Mike C : Ce choix est venu à moi plus que je suis allé vers lui. J’aurais pu développer cette activité en complément de mon ancien métier si tout pouvait bien aller ensemble, ce qui n’a pas été le cas.

Les sources de joie sont multiples. Les gens vous parlent avec respect, pour ne pas dire admiration. J’appréhende l’individu dans sa personnalité propre et non dans le contexte collectif qui peut rester porteur d’ondes négatives.

Les difficultés sont multiples aussi : organisation qui doit être stricte, bonne évaluation des revenus possibles, sans que cela soit une obsession. J’entends par là ne pas accepter tout et n’importe quoi sous couvert de récunération (on apprend ça en fitness également).

Pour vivre décemment de ce métier, il faut soit avoir un nom, ce qui peut prendre plusieurs décennies. Il faut sinon avoir une activité complémentaire (c’est le cas de beaucoup de professeurs). Il faut sinon développer une compétence pour donner soi même des formations, ce qui là aussi peut prendre plusieurs décennies.

Claudia YP : Si tu devais partager ton meilleur conseil avec les futur(e)s profs de Yoga, que leur dirais-tu ?

Mike C : Croire en cette vocation, et donner des cours le plus tôt possible, dans un cercle restreint et privé au début, puis lorsque le moment est venu, proposer sa compétence au plus grand nombre.

Il faut aussi garder en tête que devenir un professeur n’est qu’une étape dans sa propre démarche. Celle-ci doit exister, et ne doit pas apparaitre avec l’opportunité de devenir enseignant, et enfin il faut garder en tête que la notion de professeur ne veut rien dire. Tout le monde n’est que l’élève de soi même, les enseignants comme les élèves …

Claudia YP : As-tu quelque chose à ajouter ?

Mike C : Globalement non, mais il y aurait plus de choses à ajouter !!

Nota : vous pouvez aussi retrouver Mike qui témoigne aussi dans cet article consacré au Yoga pratiqué par les hommes

Claudia YP : Où peut-on te retrouver sur Internet ? (site web, blog, page FB, Twitter…)

Mike C. : www.mikeyogaparis.com

Jessica Barbier-Delvallée, professeur de Yoga

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Claudia YogaPassion : Salut Jessica ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs et lectrices de YogaPassion qui ne te connaîtraient pas encore ? 
 
Jessica Barbier-Delvallée : Je m’appelle Jessica, j’ai 34 ans, et suis professeur de yoga certifiée Yoga Alliance en Vinyasa-Ashtanga. Je suis également formée en art-therapie, yoga pré/post-natal, massages et nouvellement initiée au Reiki.
Passionnée par la découverte de soi et par les processus de création, je reste émerveillée par les capacités transformatrices de toutes sources de vie, et à tout ce qui nous unit.
Claudia YP : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le Yoga ?
Jessica B-D : Je n’ai pas vraiment découvert le yoga, il s’est presque invité à moi, comme une nécessité!
Après un choc émotionnel, une prise de conscience lors d’un voyage à Bali, mon corps a décidé de me prévenir que je m’étais perdue en chemin, comme si je m’étais déconnectée de ma propre réalité, de mes valeurs, et de l’instant présent.
Je ne digérais plus rien (au propre comme au figuré), je faisais des crises de spasmophilie, mon mental ne m’était plus d’aucun secours.
C’est comme si je prenais conscience que j’étais totalement séparée de mon corps. Pour tenter de me le réapproprier, j’ai commencé le yoga!
J’étais très affaiblie, mes muscles tremblaient, régulièrement j’oubliais même de respirer, mais dès les premiers instants, J’AI SU qu’il fallait que je continue, que je reste patiente, que je sois plus à l’écoute de moi-même!
Ma première enseignante était bienveillante et décontractée. Petit à petit je sentais plus de liberté dans mes gestes, plus de fluidité dans ma respiration, et une joie qui s’emparait de moi!
Quoi que je faisais, même si ce n’était pas la « bonne posture » ou la  « bonne respiration », on m’invitait simplement à être plus présente, et c’était déjà tellement énorme d’y arriver!
 
Claudia YP : Quel était ton 1er métier, avant le Yoga ?
 
Jessica B-D : A cette époque, j’étais styliste dans le prêt-à-porter de Luxe.
Mon métier faisait rêver beaucoup de monde, mais cet univers de beauté, de faux-semblant et d’argent ne me ressemblait pas.
Malgré mon esprit joyeux, ma positivité et ma bonne humeur, je me leurrais sur les effets que ce milieu avait sur moi. Ils ont bien fini par m’atteindre, malgré moi.
A 12 ans, je voulais être styliste, j’avais un but, je l’ai suivi.
À 28 ans, j’ai découvert que ce n’est pas le but ou la destination qui importe mais le chemin.
Je sais, ça fait cliché, et pourtant! Il y a une grosse différence entre le savoir et le vivre!
 
Claudia YP : Comment l’idée a-t-elle germé en toi de devenir prof de Yoga ?
 
Jessica B-D : J’ai pris mon temps! Et pourtant, bon nombre de fois, je voulais quitter mon travail et partir en hurlant.
J’ai commencé par prendre soin de moi! J’ai fait une thérapie qui prenait en compte la totalité de l’être (spirituelle, corporelle, cérébrale, énergétique, …) pour que je comprenne enfin que tout ne faisait qu’un.
Petit à petit, sans que je m’en rende compte, le yoga a pris une place importante. J’en rêvais la nuit, avec un tel bien-être!
Je découvrais de nouvelles sensations, je rencontrais de nouvelles personnes, je me transformais.
Je me sentais ÊTRE tout simplement.
J’ai rencontré de lumineuses personnes, chacune m’apportant son vécu, ses connaissances et me révélant un peu plus à moi-même.
J’ai mis deux ans pour me sentir suffisamment forte pour quitter mon travail. J’ai préparé mon départ, et j’ai commencé des études d’art-thérapie, puis je me suis formée au yoga…
Cette liberté retrouvée me donnait envie de tout apprendre, de tout partager, de faire des rencontres, de m’enrichir des expériences et de la vision d’autres personnes, d’échanger…
Il m’a paru tout naturel de faire circuler ces connaissances, cette énergie, cette joie et d’accompagner à mon tour les personnes qui le souhaitent.
 
Claudia YP : Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tu t’es senti(e) soutenu(e) ou pas ?
 
Jessica B-D : Au fur et à mesure de mon avancée, de mes découvertes, j’en discutais avec mon conjoint.
Était-il prêt à ce que je quitte mon travail, que je parte régulièrement en formation, que je gagne bien moins ma vie…?
Je me souviens d’une phrase qu’il m’a dite:
« Déjà, je vois à quel point cela te rends heureuse. Et plus égoïstement: tout ce que tu travailles de ton côté rayonne sur moi, tu deviens plus « facile », plus souple d’esprit… Donc, c’est bon pour tout les deux! »
Ma famille et mes amis me soutiennent simplement parce qu’ils ressentent que je suis juste envers moi-même. J’avoue, je ne me suis jamais vraiment posé la question de leur accord, je n’attendais rien d’eux, je ne faisais pas cela pour être aimée.
Ils savent que je n’ai pas quitté mon travail sur un coup de tête, ni même pour faire un métier plus « cool ».
D’ailleurs cela demande bien plus de présence, d’énergie et de créativité que mon travail précédent! Mais cela apporte une telle joie!
 
Claudia YP : Que penses-tu de ton choix, rétrospectivement ? Quelles sont tes sources de joie ? Des difficultés éventuelles ? Arrives-tu à vivre décemment de ton métier de prof de Yoga maintenant ?
 
Jessica B-D : Je ne changerais rien, ni les périodes de doutes, ni la prise de conscience violente que mon corps m’a généreusement donnée, et encore moins toutes ces rencontres, toutes ces opportunités, ces œillères qui tombent, ces mouvement internes que créait l’énergie circulant en toute liberté.
Ni même mon ego qui, régulièrement, veut reprendre le pouvoir et qui, bien malgré lui, me donne envie de continuer mon chemin au lieu de le laisser régir la vie.
Sincèrement, je ne gagne pas « décemment ma vie » actuellement.
Il m’arrive d’aller donner un cours et de ne rien gagner (il faut payer la salle, les charges, le déplacement, se faire connaître, cartes de visites et autres).
Mais étonnement, je suis heureuse!
Peut-être est-ce aussi parce que j’ai moins de besoins. Mais surtout parce que mon métier et ma vie sont étroitement liés, l’un me fait avancer vers l’autre et vice versa.
Et quand je suis dans le juste, la vie me donne toujours des solutions (même très concrètes, comme vendre mon appartement par exemple).
D’ailleurs cela m’étonne toujours. Mais pour cela il faut être prêt à lâcher ses schémas de pensée, et s’ouvrir aux opportunités. Il n’y a pas qu’une façon d’être heureux, ni de « réussir » sa vie.
Mes sources de joie sont devenues de l’ordre de l’infime au plus vaste:
– Me lever à 6h du matin pour aller donner un cours, si, si!
– Marcher dans Paris sans courir et en regardant ce(ux) qui m’entoure.
– Avoir la possibilité d’exercer mon métier partout, dans tout pays, tout milieu, toutes cultures…
– M’attendre à être toujours surprise, ne rien prendre pour acquis
– Me laisser le temps de dessiner, créer, rêver, fabriquer, écrire, penser,…
– Observer les personnes sortir des séances de yoga le sourire aux lèvres et l’esprit plus léger.
– Continuer d’apprendre, de découvrir, de partager, d’échanger…
– Avoir pu accompagner ma chienne dans son passage vers une autre vie, en étant présente pour elle.
– …
– Sourire, sourire et aimer la vie!
 
Claudia YP : Si tu devais partager ton meilleur conseil avec les futur(e)s profs de Yoga, que leur dirais-tu ?
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Jessica B-D : Prenez soin de vous! Le yoga est bien plus qu’il n’y paraît, attendez vous à changer, et soyez prêt à vous en donner le droit.
C’est un « métier » où l’on travaille avec qui l’on est, pour pouvoir donner le meilleur de soi. Mais nous ne sommes pas meilleurs que les autres, le terme « professeur » d’ailleurs me convient pas vraiment, je suis une accompagnatrice!
Restez sincère et juste envers vous-même, même quand vous vous perdez, continuez votre chemin même une fois « bien installé », gardez l’esprit et le coeur d’un débutant.
Pour ma part, je n’y arrive pas toujours, mais je l’admets ! Et si parfois j’arrive même à en rire, c’est tout bon!
 
Claudia YP : As-tu quelque chose à ajouter ?
 
Jessica B-D : Je suis ravie de pouvoir partager, ici, avec vous, mon expérience. J’espère qu’elle pourra aider certains à se lancer, d’autres à patienter, ou simplement à découvrir.
Ne faisons pas du yoga une bulle auto-centrée.
C’est une discipline qui m’a énormément apporté, et je continue à en explorer chaque facette, et à en découvrir d’autres.
Pour ma part, le yoga m’a aidée à comprendre l’art-thérapie, qui elle-même m’a apporté un autre angle d’exploration du yoga, qui m’a amenée à m’initier au Reiki, à m’ouvrir à l’art du toucher,…
Claudia YP : Où peut-on te retrouver sur Internet ? (site web, blog, page FB, Twitter…)
Jessica B-D : Retrouvez-moi sur internet, et n’hésitez pas à commenter, échanger, bavarder, …

Gwenaelle Bry, professeur de Yoga à Rennes

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Claudia YP : Salut Gwenaelle ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs et lectrices de YogaPassion qui ne te connaîtraient pas encore ?

Gwenaelle Bry : Je m’appelle Gwenaëlle Bry. Je vis à Rennes, ma ville d’origine, j’y enseigne le yoga aux adultes et aux enfants. J’ai ouvert une petite salle dans le centre de Rennes l’année passée, Couleur Yoga-l’atelier où je donne maintenant la majorité de mes cours (hatha yoga et introduction à l’ashtanga, yoga pour les enfants, pour les ados). J’interviens aussi dans une école pour des ateliers périscolaires en maternelle et en élémentaire. Et je suis formatrice au RYE (Recherche sur le Yoga dans l’Éducation) : j’anime des formations RYE à Rennes (et ailleurs).

Claudia YP : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le Yoga ?

Gwenaelle B : De 2003 à 2006, j’ai vécu en Inde : j’étais en poste à l’école française de New Delhi. C’est là que j’ai commencé le yoga au centre Sivananda. Quand je suis rentrée en France après 5 années à l’étranger, le yoga a pris beaucoup de place dans ma vie, faisant le lien avec « les années indiennes » et le retour en Bretagne.

Claudia YP : Quel était ton 1er métier, avant le Yoga ?

Gwenaelle B : J’ai été professeur des écoles pendant 15 ans, en maternelle, en CP, en CE1 et en CE2. C’est comme ça que j’ai pu enseigner à l’étranger, en Inde et avant cela en Ukraine. Après 15 ans j’aimais toujours travailler avec des enfants, mais j’avais envie de faire autrement et certaines choses me pesaient (nombre d’enfants important dans les classes, regard souvent négatif sur les enseignants et l’école, contraintes administratives).

Claudia YP : Comment l’idée a-t-elle germé en toi de devenir prof de Yoga ?

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Gwenaelle B : J’aime transmettre et partager. C’est pour moi l’essentiel du métier d’enseignant.

De retour à Rennes, j’ai eu un poste en école élémentaire, pendant mon temps libre je pratiquais le yoga assidûment. Mon prof de yoga m’a proposé de devenir assistante (c’était un cours d’ashtanga) puis j’ai fait quelques remplacements occasionnels. Une amie terminait une formation de professeur de yoga et m’a encouragé à faire de même. J’ai suivi 4 ans de formation à l’EFY de l’Ouest, les 3 premières années tout en continuant à enseigner en CE1-CE2, à temps plein puis à mi-temps. Des remplacements puis des propositions de cours de yoga sont arrivées.

J’ai démissionné de l’ Éducation Nationale en 2011 et tout en donnant des cours de yoga à temps plein, j’ai continué à me former au RYE (Recherche sur le Yoga dans l’Éducation). On m’a proposé de faire la formation de formateur au RYE car j’avais à la fois l’expérience de l’école et du yoga. Cela m’a de nouveau permis de faire le lien entre différentes expériences. Tout s’est enchaîné sans être trop planifié.

Claudia YP : Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tu t’es senti(e) soutenu(e) ou pas ?

Gwenaelle B : Personne ne s’est opposé à mes choix:) et j’ai été plutôt soutenue. Quelques personnes se sont montrées inquiètes quand j’ai décidé de démissionner de l’Éducation Nationale, pensant qu’une disponibilité aurait été plus prudente. Mais après avoir essayé un mi-temps et les deux activités en parallèle, j’ai eu besoin que les choses soient claires. D’où la décision de tourner la page Éducation Nationale (ou de sauter dans le vide…).

Claudia YP : Que penses-tu de ton choix, rétrospectivement ? Quelles sont tes sources de joie ? Des difficultés éventuelles ? Arrives-tu à vivre décemment de ton métier de prof de Yoga maintenant ?

Gwenaelle B : Je ne regrette pas du tout mes choix, mais il est vrai que passer d’un statut de fonctionnaire, salariée, à intervenante en associations puis indépendante avec une salle à gérer est loin d’être simple et demande beaucoup d’ajustements. C’est une forme de yoga au quotidien.

Financièrement la situation reste un peu compliquée mais je suis contente de ce que je fais, de tout ce qui s’est passé et continue de se passer. Je suis très heureuse que malgré les changements dans ma vie professionnelle, il y ait une cohérence dans ce que j’ai fait jusqu’ici. Et j’ai la chance d’avoir un métier qui me plaît. 

Claudia YP : Si tu devais partager ton meilleur conseil avec les futur(e)s profs de Yoga, que leur dirais-tu ?

Gwenaelle B : Il me semble qu’il faut bien préparer son projet, ne pas avoir peur de se poser des questions matérielles (que l’on a parfois du mal à associer au yoga), se former (au long cours) et surtout ne pas rester isolé : forums de professeurs de yoga, associations regroupant des profs de yoga (je suis membre de YogaRennes qui regroupe une trentaine de profs de la région), amis bien sûr… Il est important de pouvoir échanger sur ce qu’on fait et de se faire conseiller.

Claudia YP : Où peut-on te retrouver sur Internet ? (site web, blog, page FB, Twitter…)

Gwenaelle B : On peut me retrouver sur mon site www.couleur-yoga.fr , je donne aussi quelques nouvelles et infos dans ma newsletter mensuelle – Le p’tit courrier de l’atelier – Je suis également sur Facebook : Couleur Yoga

Je souhaite adresser un grand merci à tous les professeurs pour leur participation et leur riche partage d’expériences. Que de sagesse ils nous ont transmis !

Pour ma part, la reconversion est un sujet qui me touche tellement que j’ai décidé d’accompagner les futures profs de Yoga et les profs de Yoga récemment diplômées. Pour commencer, vous pouvez télécharger mon ebook ici. Et si vous souhaitez un accompagnement plus personnalisé, n’hésitez pas à me contacter !

Avant de vous laisser, je vous conseille d’autres articles sur la reconversion en prof de Yoga :