Le milieu du Yoga est souvent un peu « bisounours ». On parle festivals de Yoga, infusions ayurvédiques, quête de l’éveil, signification des mantras. Tous ces sujets sont passionnants. Mais il y a un gros sujet qui reste souvent non abordé, peut-être parce qu’il est tabou. Ce sujet, c’est le syndrome de l’imposteure et le manque de confiance en soi. Quand on voit certaines profs de Yoga sur les réseaux sociaux, leur pratique et leur vie nous paraissent parfaites. Cela renforce souvent notre sentiment d’avoir moins de valeur et nous pousse à rester dans l’ombre. Pourtant, le monde a besoin de tous les professeurs de Yoga, chacun a quelque chose d’unique à apporter. Malheureusement, entre l’idéal et la réalité, il y a souvent un gouffre. Voici ce que j’observe au quotidien…

  • Beaucoup de profs de Yoga travaillent dans l’ombre et n’osent pas briller
  • Beaucoup de profs de Yoga ont envie de développer leur activité, de contacter des studios de Yoga, des écoles  ou des collèges et d’autres structures encore, mais elles ne trouvent pas le courage
  • Beaucoup de profs de Yoga n’ont pas de site Internet ou ont un site archi-vétuste et quasi inefficace en termes de SEO

Pourtant, toutes ces profs de Yoga (et toi peut-être ?) ont des compétences, elles ont du talent, elles ont de l’énergie à revendre, elles ont quelque chose de concret et de précieux à apporter au monde

Alors comment reconnaitre et contrer ce fameux syndrome de l’imposteure qui paralyse tant de profs de Yoga ?

Comment avoir une meilleure confiance en soi pour oser faire avancer son projet ?

Commençons d’abord par identifier les causes du syndrome de l’imposteure

Pourquoi presque toutes les profs de Yoga se cachent-elles ?

Chez les profs de Yoga, c’est souvent tout ou rien !

Il y en a une minorité qui est hyper-visible, présente sur tous les réseaux sociaux avec des posts qui inondent tout le monde.

Et il y a la grande majorité qui se planque, comme pour ne pas trop se faire remarquer.

Il y a toutes ces profs de Yoga qui font leur truc dans leur coin, avec beaucoup de discrétion. Et sûrement aussi beaucoup d’humilité. Pour certaines, quand elles ont déjà leur base d’élèves réguliers, c’est une approche qui peut fonctionner. Mais pour la plupart, c‘est comme une condamnation sans appel : une condamnation à rester dans l’ombre et à ne pas réussir à développer son activité. Beaucoup de profs de Yoga semblent toujours s’excuser d’être là, elles ne se sentent jamais à la hauteur et, même, elles se dénigrent

D’où vient ce blocage ? Un petit détour par deux chansons ?

this is a man's world by James Brown

Tu connais sûrement cette chanson de James Brown, sortie en 1966, dans laquelle il affirme qu’on vit dans un monde dominé par les hommes

 

beyonce run the world girls

Beyoncé riposte en 2011 en chantant : « Ce sont les filles qui dirigent le monde »

Et en 2024, alors, on en est où ???

Est-ce qu’on continue d’être éduquées façon: « Sois belle et tais-toi ? » en valorisant, notamment chez les filles et chez les femmes, la discrétion et la douceur, en valorisant celles qui gardent leur calme en tout circonstance et prennent soin des autres (le fameux « Care ») ?

Est-ce que le patriarcat et la domination masculine reculent pour aller vers un équilibre ou est-ce qu’ils restent bien présent ?

Je n’ai pas l’ambition de répondre à cette question qui est totalement vertigineuse mais au moins je la mets sur le tapis (de Yoga bien sûr 🙂 )

Je vais plutôt revenir à ce que je connais le mieux : le quotidien des profs de Yoga et la persistance de ce satané syndrome de l’imposteure

Beaucoup de profs de Yoga dans mon entourage (collèges, stagiaires etc) restent sur la réserve et n’osent pas proposer leurs cours.

Est-ce par peur de rater ? Peut-être par peur de réussir aussi ?

« Je ne suis pas capable »

« Ils vont se rendre compte que ce n’est pas pour moi »

« Je vais encore échouer »

« C’est hors de ma portée »

Ces phrases reflètent le fameux syndrome de l’imposteur.e : on a l’impression qu’à tout moment quelqu’un va nous démasquer et s’apercevoir qu’on n’est pas à la hauteur

Les profs de Yoga que je connais me disent ou m’écrivent souvent exactement ces phrases, et je parle de collègues presque exclusivement féminines.

Pas étonnant !

D’après une étude des Assises de le Parité datant de 2021, 75% des femmes sont concernées par le syndrome de l’imposteure, contre seulement 50% des hommes

Voici quelques exemples de questions typiques de l’échelle de Clance. Ca peut t’aider à voire si tu es concernée par le syndrome de l’imposteure ou pas.

Il s’agit d’un QCM dont la plupart des réponses peuvent être Pas du tout vrai/Rarement/Parfois/Souvent/Très vrai:

  • J’ai souvent réussi un test ou une tâche même si j’avais peur de ne pas bien faire avant d’entreprendre la tâche.
  • Je peux donner l’impression d’être plus compétent(e) que je ne le suis réellement.
  • J’évite les évaluations si possible et je déteste que les autres m’évaluent.
  • J’ai peur que des personnes importantes pour moi découvrent que je ne suis pas aussi capable qu’elles le pensent.
  • J’ai tendance à me souvenir davantage des fois où je n’ai pas fait de mon mieux que de celles où j’ai fait de mon mieux.

La comparaison fait beaucoup de mal, y compris chez les profs de Yoga : ce sont surtout les jeunes profs de Yoga, celles qui viennent de se lancer, qui se comparent à des profs de Yoga qui ont le double voire le triple de leur âge et qui se disent :

« Je ne serai jamais aussi bien, je ne suis pas légitime »

Et ce n’est pas surprenant : nous vivons dans un monde marqué par une pression à la réussite et des injonctions à la performance. Nous cherchons à tout faire rapidement, efficacement, parfaitement et du premier coup

Mais ce n’est pas possible, ça ne fonctionne pas comme ça

brene-brown-eloge-vulnerabilite-contre-syndrome-imposteur

Ted Talk datant de 2011, source de l’image © Wikipedia

D’ailleurs, Brené Brown livre un bel éloge de la vulnérabilité que tu peux voir ou revoir ici

Michèle Obama, Marie Forleo et plein d’autres femmes encore sont autant de mentors qui encouragent les femmes à oser…

Et, malgré tout, beaucoup profs de Yoga n’osent toujours pas passer un coup de fil, envoyer un mail, ou demander un tarif pertinent par rapport à ce qu’elles apportent.

Le plafond de verre reste bien présent et il est tellement difficile à percer

A mon avis, il est d’autant plus solide, ce plafond de verre, que les profs de Yoga sont prises dans un énorme paradoxe :

Comment oser faire ce qu’on aime, un métier si passionnant et si gratifiant, et en plus demander de l’argent ?

Les profs de Yoga sont sous pression pour être généreuses, et animer des cours abordables voire gratuits. Certaines se retrouvent à donner une quinzaine de cours par semaine et s’épuisent. Le Burn Out des profs de Yoga, c’est surprenant, mais ça existe aussi

Alors, comment (re)trouver un équilibre ?

Je te partage une liste des 7 outils qui ont le mieux fonctionné pour moi. J’espère qu’ils t’aideront aussi

1)Poser des limites claires, dire « oui » quand ça fait vibrer ton coeur et apprendre aussi à dire « non » quand ce n’est pas aligné. Et enseigner ce « non » aux enfant qui t’entourent pour leur transmettre la notion de consentement et contribuer à la prévention du harcèlement scolaire et cyber-harcèlement, thèmes en faveur desquels je suis très impliquée, notamment à travers les cours de Yoga que j’anime dans les écoles et dans les collèges et la formation de professeurs que j’ai mise en place

2) Développer de la clarté et du discernement pour savoir dans quelle direction précise tu veux aller. On ne peut pas tout faire, aller partout, tout expérimenter. Plus tu es claire dans ton positionnement en tant que prof de Yoga et plus finement tu te spécialises, mieux tu pourras développer ton activité. C’est l’idée force que je défends dans le petit guide que j’offre aux personnes qui s’inscrivent à ma Newsletter

3) Regarder dans le rétroviseur et être fière de tout ce tu as déjà accompli jusqu’à présent. Célébrer tes petits et grands succès

4) Faire la liste de tes qualités (tout le monde en a, même toi, surtout toi, promis)

5) Pratiques de Yoga conseillées pour avoir une meilleure confiance en toi : la salutation au soleil, les 3 guerriers, l’arbre, le danseur, la pince, le papillon, le poisson

6) Apprendre à lâcher prise, lâcher le mental, revenir dans ton corps, accepter l’imprévu, devenir plus ouverte et spontanée. Pratiques de Yoga conseillées : Yin et Nidra, respiration, méditation, postures d’ouverture du coeur

7) Faire une liste de phrases positives, par exemple :

« J’ai autant mes chances d’y arriver que n’importe qui », « j’ai déjà vécu des expériences professionnelles positives », « je suis capable »

A toi de jouer maintenant !

Les élèves t’attendent 🙂

Et petit P.S. : si tu as le syndrome de l’imposteure, je peux t’assurer que c’est un sujet qu’on aborde pendant les formations de profs de Yoga que j’organise ou bien dans tous les appels de suivi qui sont proposés aux anciennes stagiaires YogaPassion. Tu ne seras plus seule, tu vas recevoir le soutien et profiter de l’expérience de tes collègues