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Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous partager un nouvel article de blog. Le sujet est l’argent. Un thème bien souvent tabou, qui véhicule de nombreuses idées reçues et reflète beaucoup de peurs et de blocages. Je vous propose, aujourd’hui, de réfléchir ensemble à la valeur du Yoga et à votre propre rapport à l’argent. C’est parti !
Money, Money, Money…
Vous connaissez sûrement cette chanson d’Abba. Eh bien j’ai constaté qu’on parle finalement assez peu d’argent au quotidien. Et souvent en termes négatifs. Surtout dans le milieu du Yoga ! Le simple mot « argent » semble être devenu presque un gros mot, une sorte de Voldemort, vous vous rappelez, « celui dont on ne doit pas prononcer le nom » ?
Pourtant, dans notre monde occidental, au 21ème siècle, si on veut être lucide, on ne peut pas occulter la prédominance de l’argent.
Ce n’est un secret pour personne : il faut de l’argent pour presque tout : se loger, manger, s’habiller, se soigner, prendre les transports, avoir un accès à Internet etc. Il faut aussi payer des charges, des taxes et des impôts. Si on a des enfants, il faut aussi suffisamment d’argent pour subvenir à leurs besoins. Et il faut aussi donner de l’argent (en général) pour participer à un cours de Yoga.
En ce moment, j’entends beaucoup de personnes dire que « le Yoga devrait être plus accessible, moins cher« . Bien-sûr, je comprends ce désir et je trouve moi aussi que le Yoga ne devrait pas être réservé aux personnes les plus favorisées.
Mais en même temps, quand on demande à ce que les cours de Yoga soient de moins en moins chers, que se passe-t-il vraiment ? Eh bien le ou la prof de Yoga qui fait le cours se retrouve avec une rémunération très faible. Quand les élèves paient seulement 5 ou 10 € pour participer au cours et que le cours a lieu en petit groupe, alors le prof de Yoga, une fois ses frais déduits (location de la salle, achat du matériel, transports, charges et impôts à payer etc), se retrouve avec seulement quelques pièces en poche, voire avec rien du tout. En fait, les élèves des cours de Yoga envisagent souvent l’heure de cours sans s’apercevoir qu’il y a aussi énormément de travail et de préparation avant et après. Enseigner le Yoga représente en effet un engagement total pour le ou la prof.
Pas d’argent ou pas envie de payer pour ça ?
L’être humain est plein de paradoxes.
Voici un exemple que j’ai vécu : une fois, une personne, appelons la « Madame Y », est venue à mon cours de Yoga. Elle m’a demandé une réduction pour son cours d’essai, en me disant que 14 €, ça lui semblait un peu cher. Ce qui m’a étonnée, c’est que cette Madame Y avait en main le tout dernier iPhone et qu’elle est rentrée en Uber après le cours. Qui suis-je pour faire des suppositions sur son style de vie ou pour la juger ? Personne ! Absolument personne. Simplement, il m’est apparu à ce moment-là que, pour certaines personnes, payer pour des cours de Yoga n’est pas forcément un problème d’argent mais plutôt une question de priorités.
Pour certaines personnes, peut-être que le Yoga ne compte pas plus qu’autre chose et qu’elles ne veulent pas investir pour ça. Je peux comprendre, bien-sûr. En revanche, sachant que j’enseigne depuis 2014, ce que je sais, dans mon coeur et dans mes tripes, c’est que les profs de Yoga sont énormément engagé.es dans cette voie et qu’ils/elles donnent sans compter pour et à leurs élèves. Je trouve que prof de Yoga est l’un des plus beaux métiers du monde. Il me semble qu’il devrait y avoir une réciprocité logique dans l’échange et que tout ce que le Yoga apporte aux élèves devrait apporter aussi le nécessaire à leurs professeur.e.s.
Voici ce que je constate : en faisant baisser toujours plus les tarifs des cours de Yoga s’installe une paupérisation des professeur.es de Yoga. Or, comment donner le meilleur quand on ne peut même pas payer ses factures et qu’on est tracassé.e à surveiller ses comptes en banque plusieurs fois par jour ?
No pain, no gain
Le vieil adage biblique « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » a fait du travail un synonyme d’effort, de labeur. Facturer une prestation ou un produit qui procure un épanouissement nous colle un sentiment de culpabilité. C’est propre à notre culture : mélanger plaisir et argent, ce n’est pas de bon ton. Certaines personnes se sentent d’ailleurs coupables d’être payées pour faire quelque chose qu’elles adorent.
Dans le milieu du Yoga, la pression est encore plus forte car on considère souvent qu’argent et spiritualité ne font pas bon ménage. Et pourtant, en réfléchissant bien, on peut comprendre aisément que l’argent est simplement une énergie, qu’il est neutre. Il est simplement un amplificateur : placé entre les mains de personnes généreuses, il aura des effets incroyablement bénéfiques, placé entre les mains de personnes malhonnêtes, il sèmera la désolation.
Dans notre imaginaire, il y a d’ailleurs plein de figures de radins dont nous aimons rire : L’Avare de Molière, l’oncle Picsou etc. On a souvent encore tendance à penser qu’une personne honnête ne peut pas gagner de l’argent, et encore moins avec gagner beaucoup d’argent sans être corrompue. Et pourtant, cela n’a rien à voir !

Picsou n’est pas vraiment connu pour sa générosité
Aimer son travail
Et en même temps, depuis une dizaine d’années, il y a toute une génération de personnes qui émet le voeu de s’épanouir dans son travail, d’apporter une vraie valeur au monde, de trouver et de créer du sens. Ces personnes souhaitent vivre de leur passion. Elles souhaitent vivre dans une société qui n’est plus celle du Low-Cost et de l’obsession du gratuit. Elles souhaitent choisir, pour elles-mêmes et pour les autres, la qualité et suivre comme valeur cardinale le respect : respect de soi et respect du travail des autres.
Il y a de nombreux obstacles, notamment le fameux « syndrome de l’imposteur », souvent « syndrome de l’imposteurE » d’ailleurs. En effet, les entrepreneur.e.s, surtout les femmes font preuve de modestie et d’empathie, mais souvent à l’excès, et elles ont tendance à brader leur travail. Elles n’osent pas demander un prix juste pour ce qu’elles proposent. Elles peuvent se retrouver à donner 10 ou 20 cours de Yoga par semaine avec autant d’heures de trajet, en gagnant à peine de quoi vivre.
En même temps, c’est vrai que c’est tellement, tellement difficile d’associer une « valeur » au Yoga. Ce serait d’ailleurs en faire un simple bien de consommation. On paierait pour obtenir, en échange, du bien-être, une bonne santé, pour s’assouplir etc.
Ce n’est pas du tout dans l’état d’esprit du Yoga qui est avant tout une pratique de lâcher-prise et de non-attente, comme l’illustre cette citation du Yoga Sutra :
« Quand l’envie de prendre disparaît, les joyaux apparaissent »
C’est le détachement, aparigraha, en sanskrit.
Ce que je souhaite
Ce n’est pas évident de parler d’argent car c’est bien-sûr un sujet intime.
Ce que j’ai découvert, en réussissant à quitter mon emploi salarié et à me lancer à temps-plein dans l’enseignement du Yoga, c’est qu’avoir de l’argent permet d’avoir plus de liberté. Il permet de ne pas devoir emprunter d’argent aux autres. Il permet de continuer à se former en Yoga. Il permet aussi de faire des dons aux associations qui nous tiennent à coeur.
Et, malgré tout ça, l’argent n’achète pas l’essentiel : le temps, l’air que nous respirons, la santé et les sourires des personnes que nous aimons.
Il est simplement une partie importante de l’équation et il nous donne du carburant pour avancer et vivre suivant notre éthique, nos valeurs. Par exemple en se permettant de manger Bio. Et pourtant, gagner trop d’argent n’est pas synonyme de plus de bonheur. J’ai découvert une étude qui prouve que lorsqu’on gagne plus de 5 000 € par mois, on ne devient pas plus heureux. C’est bon à savoir.
Ce que je souhaite, pour faire le bilan de cet article, c’est pour vous qui me lisez, que vous puissiez atteindre la stabilité et l’abondance financière qui vous permettront de réaliser vos rêves. Que vous ayez suffisamment d’argent pour pouvoir être généreux.se sans jamais devenir obsédé.e par l’argent. Que vous demandiez une rémunération juste pour votre travail, que vous soyez salarié.e ou entrepreneur.e. Je souhaite que nous nous dirigions, ensemble, vers une société de sobriété heureuse avec moins de biens et plus de liens, tout en attirant l’abondance dans nos vies.
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi lire mon article « Yoga et Abondance : une relation à construire » sur le site web du magazine Esprit Yoga.
Vous vous reconnaissez dans cette vision de l’Argent et de l’Abondance ?
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A vous de jouer maintenant
- Et vous, comment est votre relation à l’argent ?
- Qu’est-ce qui vous a le plus inspirée dans cet article ?
Si vous pensez qu’il peut aider des personnes de votre entourage, passionné.es de Yoga ou professeur.es, alors SVP, partagez-le 🙂
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Ce que tu exprimes est si juste!
J’ai quitté ma profession il y a 15 ans et vécu en sana argent en nomade dans le Larzac pendant 10 ans de petits travaux et de la générosité spontanée des gens de mon environnement. J’ai découvert qu’il est possible de vivre sans argent, que j’en étais plus heureux et plus libre.
Percevant aujourd’hui une retraite qui bien que modeste me permet de vivre je me suis inscrit au yoga après un AVC pour reprendre une activité physique et me remettre en condition physique. J’ai découvert la fabuleuse force méditative qu’offre le yoga qui m’a permit des états de conscience auquel deux dizaines d’année de psychanalyse ne m’avait pas permis d’accéder.
Lorsque Sonia m’a annoncé le modeste abonnement annuel aux séances qu’elle anime (à peine plus de 2 euros par séance), j’ai dis ma surprise. Elle m’a répondue que partager la pratique du yoga la nourrissait mais ne suis pas allé au bout de ma réflexion et n’ai pas majoré le montant que je lui verse.
Je me sens coupable de profiter de l’outil de guerre de notre économie qu’est la pression de l’argent et en reparlerai avec elle à la reprise des séances à la sortie du confinement que nous vivons actuellement, confinement qui est l’occasion pour moi de découvrir lien social que je n’avais pas perçu à 65 ans.
Bonsoir Thomas,
Merci pour ton commentaire qui m’a beaucoup touchée.
Quel courage tu as eu de quitter ton travail et de vivre en nomade dans le Larzac pendant 10 ans, ça a dû être une sacrée expérience et tu as dû apprendre énormément, sur toi-même et aussi sur les autres.
Quel courage encore d’avoir commencé la pratique du Yoga après ton AVC. C’est génial de lire que le Yoga t’a permis d’apprendre à méditer et d’accéder à des états de conscience plus élevés. Que de transformations !
Et je suis vraiment heureuse que mon article sur les liens entre Yoga et argent te fasse prendre encore plus conscience de tout ce que t’apportent les cours de Yoga avec ta professeure, Sonia, et que tu aies envie de t’impliquer davantage dans cet échange avec elle.
Je te souhaite de très belles pratiques du Yoga, présentes et à venir.
Namaste,
Claudia
Ha la la fallait oser sur le sujet ^^ je croie que dans la tête des gens, le yoga c’est juste du bien être. Or en tant que professeurs de yoga on devrait faire ce travail d’éducation auprès des gens mais aussi auprès des institutions que le yoga est bon pour la santé.
– pour le système cardiovasculaire
– pour le système nerveux
– pour la circulation sanguine
– pour la tonicité et renforcement musculaire…
sans être une médecine, il serait bon que ce soit reconnu comme un outil de santé. Et là, les gens se rendraient compte à quel point, le yoga est essentiel. Plus qu’un iphone, ou rentrer en uber ^^
Ce n’est pas à nous de juger comme tu le dis si bien, mais à faire prendre conscience. Peut être le monde du yoga devrait travailler main dans la main avec les médecins. Si les médecins recommandaient de faire du yoga, ça changerait la perception des gens je pense… Le yoga deviendrait du coup plus vital…
Bises chère Claudia !
ps: oui ça faisait longtemps, même si je commente pas toujours je lis tous tes articles, que j’aime parce que c’est toujours pleins de sagesse et d’humilité.
Diane
obunti.com
Coucou Diane 🙂 J’espère que tu vas bien et que tu passes un beau début d’été. Ca me fait vraiment plaisir que tu lises mes articles… 🙂 Je souscris totalement à tout ce que tu écris. Et je pense que le Yoga va être de plus en plus « reconnu » en Occident dans les années à venir. D’ailleurs, on m’a dit que dans certains pays, dont la Suisse, semble-t-il, le Yoga commence à être remboursé par la Sécurité Sociale !!! Incroyable et génial, n’est-ce pas ? Il a vraiment ce rôle de prévention tout en s’adaptant à chaque individu. C’est un vrai bonheur de voir qu’il séduit de plus en plus de personnes 🙂 Il mérite bien toute cette attention ! A très bientôt, bises, Claudia
Salut Claudia, super ton article! Ce que je trouve génial, c’est que tu t’adonnes à ta passion. Cela passe même devant le fait de gagner de l’argent. Trop de gens ruinent leur vie et leur santé parce qu’ils travaillent comme des fous dans des jobs qui en fin de compte, ne leur plaisent pas du tout. Si les gens suivaient plus leur instinct au lieu de faire un job pour impressionner la galerie, ils seraient plus heureux à mon avis!
Je réussis à vivre grâce à mon blog, et cela me rend heureux tout simplement parce que ça m’a permis d’échapper à la vie dans une grande ville et de vivre plutôt dans une petite ville au bord de la mer. C’était mon rêve, et je suis ravi de l’avoir réalisé 🙂
Merci pour ton commentaire, Marc, et bravo pour ton parcours. Ca demande beaucoup de courage 🙂 Claudia de YogaPassion
Si le Yoga enseigné est une pratique visant à un mieux être général, à passer un bon moment où à acquérir quelques méthodes pour calmer l’esprit et assouplir le corps… pas de soucis de le faire payer!
En revanche si le Yoga proposé est proposé tel un chemin traditionnel en vue d’une réalisation spirituelle, il ne peut se commercialiser si il se veut être éffectif.
Imaginez un Patanjali, un Jésus où un Bouddha donner une leçon de vie pour ensuite demander de l’argent à ses disciples. 😂
Bravo à vous d’avoir l’audace de traiter sur le délicat sujet de l’argent.
La sincérité est essentielle.
Si on se veut suivre un enseignement traditionnel authentique il faut s’en référer à ce qu’en dit la tradition à ce sujet.
Il me semble que traditionnellement le « GuruDakshina » est acceptable.