Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous partager l’interview que j’ai réalisée avec Céline, co-auteure du livre Le Mois d’Or.

En fonction de vos préférences, je vous propose :

  • Soit d’écouter l’interview, disponible en version audio.
  • Soit de la lire, au format texte.

Ecouter l’Interview

Lire l’Interview

Claudia YogaPassion : Bonjour j’espère que vous allez bien aujourd’hui. Je suis, pour ma part en super forme et j’accueille Céline pour cette interview. Habituellement on a des interviews écrites sur mon blog YogaPassion, et là, pour la première fois, on va avoir une interview audio.

Je vais te demander, si tu es d’accord, Céline, de te présenter en quelques mots.

celine chadelat le mois d'or

Céline Chadelat : Bien-sûr. Bonjour Claudia, merci de m’accueillir sur ton blog. Je m’appelle donc Céline Chadelat et je suis l’auteure du livre Le Mois d’Or, Bien Vivre Le 1er Mois Après L’accouchement, publié aux Presses du Châtelet, co-écrit avec Marie Mahé-Poulin.

J’ai 32 ans, 2 enfants, 5 cheveux blancs. Je suis journaliste, auteure, j’ai écrit un premier livre sur le moine Thich Nhat Hanh. J’écris depuis plusieurs années sur le thème du Yoga et de la spiritualité. J’ai démarré sur le thème des religions, je travaillais pour Le Monde Des Religions et je me suis peu à peu spécialisée sur le Yoga.

Claudia : Du coup, ma 1ère question, par rapport au livre, c’est de savoir comment vous est venue l’idée, à Marie et à toi ? Est-ce que vous avez été contactées par la maison d’édition ? 

le mois d'or céline chadelat

Portrait des deux co-auteures du livre

Céline : En fait, Marie et moi sommes amies depuis plusieurs années, c’est, disons, un cheminement spirituel qui nous a fait nous rencontrer en Inde. On a toujours beaucoup partagé sur toutes ces questions des grandes étapes de la vie et j’ai eu mon 1er enfant, Théophile, puis ma petite fille Elsa.

Au moment où j’étais enceinte d’Elsa, je venais de perdre mon père et c’était assez difficile. Marie m’a proposé de m’accompagner, après mon accouchement, en me disant : « Je viens chez toi et je t’aide ».

C’était super sympa, je n’ai pas refusé l’invitation, loin de là ! Après mon accouchement, Marie était là. On a toutes les deux vécu une très belle expérience. Marie est psychologue clinicienne, spécialiste de la périnatalité. Elle m’a complètement choyée, aidée, pendant cette période. Il y avait bien-sûr aussi mon compagnon qui était là. Et Marie avait déjà cette conscience du Mois d’Or, de l’importance de l’horizontalité, du repos pour récupérer, retrouver son énergie etc.

Je suis donc restée à me reposer pendant des jours et des jours avec ma petite-fille Elsa qui était juste à côté de moi et que j’allaitais. Je me suis complètement consacrée à elle. Moi, qui avais mon père qui était parti 7 mois avant seulement et qui peux avoir un tempérament parfois un peu mélancolique, pendant cette expérience avec Marie, je n’ai pas ressenti une once de tristesse et ça a vraiment été une expérience d’amour très très belle.

Au terme de cette période, Marie est repartie. Moi je suis restée à me reposer pendant encore 3 semaines.

Et là, je me suis dit : « il faut que cette connaissance soit diffusée, il faut que  ça se sache. »

D’ailleurs, le Mois d’Or c’est une tradition qui est issue de la médecine chinoise, de l’Ayurveda, des cultures du Maghreb etc. dans lesquelles on prend vraiment soin des femmes. J’en ai parlé à Marie et elle m’a dit : « Ecoute, je suis justement en train d’écrire des articles à ce sujet sur mon blog. » On a alors décidé de faire quelque chose toutes les deux. Je suis allée voir mon éditeur, aux Presses du Châtelet, qui m’avait fait confiance pour le livre sur Thich Nhat Hahn et avec qui nous avions mené une très belle collaboration. On lui a proposé le projet et ça lui a plu donc on s’est lancés ensemble !

Claudia : Génial ! Et ça c’était il y a combien de temps ?

Céline : Eh bien démarrage effectif en juillet-août 2019. Ca s’est fait très vite et l’éditeur nous a mis une deadline très rapidement. C’était un peu stressant mais ça nous a permis de ne pas errer, nous perdre et de pouvoir nous organiser concrètement.

Claudia : Oui, c’est vrai que ça concrétise d’avoir une date limite. On connaît toutes quelqu’un qui a un roman dans des tiroirs depuis 30 ans…

Céline : Il y a aussi tous les gens qui vous disent : « Ah oui, moi, j’aimerais écrire un livre. »

Après mon 1er livre, j’ai plein de gens qui sont venus me voir en me disant : « Il faut que je te parle de quelque chose » et je savais que c’était pour ça, par rapport à leur projet d’écrire un livre.

Claudia : Dans ce projet-là, ce qui m’a interpellée, c’est que vous étiez 2 auteures. J’aimerais savoir comment s’est passée la répartition du travail pour écrire ce livre à 4 mains ? 

Céline : Pour ce projet, ma compétence était l’écriture et celle de Marie était davantage la connaissance théorique sur le sujet du post-natal parce qu’elle avait déjà commencé des recherches dans ce domaine qui la passionne. J’ai aussi fait des recherches mais j’ai surtout restitué toutes ces connaissances. Notre éditeur nous avait conseillé de nous départager le travail très vite, en fonction des chapitres. Il nous avait dit que, parfois, les meilleurs amis du monde ne pouvaient plus se voir au terme d’un tel projet. Il y avait donc un vrai risque de disputes, de conflits. On a eu des moments parfois plus tendus parce qu’on n’a pas toujours la même façon de travailler et qu’on était pressées par le temps. Marie m’a laissé la main libre sur la reformulation, on avait bien décidé de ne pas revenir sur chaque ligne et de privilégier la cohérence globale. Il fallait que chacune se laisse un champ de liberté, avec toujours cette exigence d’écrire sur un mode soutenu.

Claudia : En le lisant, je l’ai justement trouvé très cohérent et harmonieux. Il est nourri de vos deux expériences tout en étant uni. 

Céline, tu es maman deux fois, je voulais te demander comment s’était passé ton Mois d’Or, ce que tu as appris, comment tu t’es organisée.

celine chadelat le mois d'or

Céline : Ca me fait très plaisir, à travers notre discussion, de me replonger dans ce mois. J’ai encore le coeur qui palpite et je suis encore très émue. J’avais mon épicentre, c’était un grand lit, Elsa dormait à côté de moi dans le cousin d’allaitement. Je restais la plupart du temps allongée après cet accouchement physiologique et je mettais la petite au sein, en peau à peau, c’est hyper réparateur et je ne peux que le conseiller.

Après la sortie du bébé, la maman a quand même une sensation de vide qui peut être perturbante.

Je vais rentrer dans le concret : j’avais des alèses de protection, c’est très important, ça permet de se sentir sécurisée. Mon compagnon Guillaume venait régulièrement me voir et on discutait pour savoir ce dont j’avais besoin. J’avais ma petite bouillotte. Marie et lui me demandaient ce que je voulais déjeuner ou dîner. Je n’avais à me soucier de rien, je n’avais pas d’inquiétudes, pas de soucis de logistique. Je faisais juste quelques pas pour aller aux toilettes, prendre une douche, puis je me remettais dans mon lit.

Ca a été merveilleux de pouvoir tisser le lien avec ma petite fille, de me consacrer à elle dans une belle énergie, une énergie de paix et de sérénité. Je pense qu’elle l’a ressenti car c’est une enfant assez sécurisée aujourd’hui. Si la maman se sent bien, alors je pense que l’enfant a des chances de se sentir bien aussi.

J’ai eu une petite déchirure et je marchais pliée en deux, le corps a vécu un choc qu’il faut pouvoir encaisser et j’ai donc pris le temps de me reposer, de cicatriser. Quand Elsa se réveillait la nuit (un nourrisson se réveille toutes les deux heures!), j’avais une petite fée – Marie – qui me demandait : « Est-ce que tu veux que j’aille la changer ? » Et comme ça, j’avais juste à rester allongée et à mettre Elsa au sein. Même se lever est un effort qui demande beaucoup, pour la jeune maman. J’ai aussi reçu des massages. Quand Elsa dormait, je n’étais pas en train de nettoyer ou ranger la maison ou de cuisiner. Je dormais quand elle dormait. 

Claudia : Du coup, tu avais éloigné ton téléphone ? 

Céline : J’ai essayé. Parfois, il m’est quand même arrivé d’être un peu sur mon téléphone mais je n’ai pas été beaucoup dans la technologie. J’ai aussi beaucoup pratiqué la respiration pour remettre les abdos et les organes en place. J’ai essayé de ressentir ce qui se passait, c’est vraiment une belle invitation à la contemplation. Je me souviens que j’avais la fenêtre devant moi, je voyais le ciel bleu et puis je voyais passer un avion et c’était merveilleux, ça me suffisait, je me sentais à ma place, dans l’instant présent, là où je devais être. Ca m’emplissait d’une grande paix.

Claudia : Je pense que les enfants et les bébés sont vraiment dans l’instant présent, dans les découvertes du moment et c’est vraiment magique d’avoir pu profiter de ça avec ta fille.

Céline : Oui, c’est vrai, je me souviens que je passais des heures à regarder Elsa et que ça a comblé mon coeur de pouvoir être disponible pour elle.

Claudia : Dans le livre, vous parlez des aînés et vous donnez des conseils d’organisation. Vous parlez aussi de comment expliquer l’importance de ce mois-là au cercle familial. Moi j’ai passé mon temps à annoter votre livre, ça m’a donné plein d’idées.

Céline : C’est vrai que ce Mois d’Or, c’est vraiment comme une retraite, un espace-temps bien particulier. Notre seule présence comble le bébé.

Claudia : C’est un peu à la Michel Foucault, tu es dans une sorte de bulle à part. 

Céline : C’est un temps qui fait beaucoup relativiser car on est au contact de la vie et plus du tout dans des futilités. Je déconseille de sortir trop vite, par exemple dans les supermarchés, nos tout-petits sont tellement purs et viennent juste de naître….

On explique aussi dans le livre que la jeune maman est complètement perméable : ouverte à la fois psychiquement et physiquement. Son cerveau est en pleine restructuration : il y a des neurones qui se détruisent pour créer de nouvelles connexions pour pouvoir répondre aux besoins du bébé. Ca a été prouvé dans une étude de 2016.

La jeune maman est donc complètement ouverte à toutes les énergies et il vaut mieux que celles dont elle s’entoure soient positives. Si la maman s’expose à la télévision, à des images de violence, si elle est dans des contextes trop stimulants, ça peut être ressenti difficilement.

Claudia : On peut donc s’entourer des personnes vraiment importantes. C’est vrai que le couple est devenu un couple parental avec l’arrivée du bébé et qu’il peut recevoir plein de conseils de la part de l’entourage. On peut choisir de revenir dans l’intelligence de son corps et dans les liens avec cette nouvelle famille qui s’est créée.

Céline : Oui et je conseille beaucoup la méditation pendant la grossesse. Elle aide à se reconnecter à l’intuition dont on aura besoin pendant les soins du bébé. Il y a cette part en nous qui sait.

Claudia : Il y a beaucoup d’enseignements dans tout ça… Si tu avais 2 ou 3 conseils à donner aux femmes qui se préparent à vivre le Mois d’Or, qu’est-ce que tu leur dirais ? 

Céline : D’abord, je leur dirais de cuisiner et de faire cuisiner les autres à leur service. La nourriture est le carburant pour récupérer. Il est important qu’elles mangent bien. Après l’accouchement, on a dépensé une énergie digne d’un marathon, on a la grossesse derrière nous, on est vraiment fatiguées. Le repas après l’accouchement, c’est merveilleux, c’est un délice, on a l’impression que ça fait des années qu’on n’a pas mangé, c’est un renouveau complet.

Je conseille même de se faire livrer des repas à l’hôpital, si une maman ou une belle-maman peut venir avec des petits plats, c’est génial. Au Maghreb, par exemple, ils ne laissent pas les femmes prendre les plateaux-repas de l’hôpital, les familles arrivent avec les repas.

Il faut prévoir des oléagineux toujours, à côté de soi, des repas chauds, des tisanes bien chaudes, des repas très restoratifs. 

Claudia : Et il y a plein d’idées de recettes dans le livre….

Céline : Oui. C’est important de manger bouilli, en purée, de privilégier les bouillons pour que l’estomac se repose. L’accouchement est un exploit, c’est énorme en termes de dépenses énergétiques. Donc je pense qu’une femme doit se faire servir après l’accouchement. Il faut s’organiser avec le conjoint et trouver des relais, trouver peut-être une doula. Il faut prendre conscience qu’on est galvanisée, gavée de belles hormones pendant la grossesse. Federer, après un match de tennis, est-ce qu’il rentre chez lui et qu’il va se faire des pâtes tout seul ? Non ! Donc le cercle de soutien autour prend le relais.

Ca doit être pareil pour la jeune maman. Elle peut mobiliser le papa, les amis, le réseau et on peut organiser un roulement pendant au moins 6 semaines. 

Claudia : C’est vrai qu’il y a beaucoup de sociétés traditionnelles où les familles vivent ensemble ou très proches et où les liens familiaux sont très forts.

Céline : Exactement, d’ailleurs en écrivant le livre, j’ai pris conscience qu’une naissance c’est une communion d’êtres humains, une invitation à tous nous retrouver les uns avec les autres. Lors d’une naissance, on doit être ensemble. Un des plus grands dangers qui guette les mamans, c’est l’isolement.

Le congé paternité, c’est 11 jours, ce n’est pas beaucoup. Et après, beaucoup de mamans se retrouvent toutes seules. Dans le Kundalini Yoga il y a des réseaux de doulas qui peuvent venir à la maison. Meghan Markle, par exemple, pratique le Mois d’Or. Elle s’est beaucoup inspirée du livre The First Forty Days, basé sur la médecine chinoise.

Dernier conseil aussi : rencontrer d’autres mamans et parler avec elles à coeur ouvert. Malheureusement, il y a encore beaucoup d’images et d’apparences autour de la maternité. Parfois, on n’ose pas dire que ça peut être dur. C’est le poids du silence sur la réalité de ce mois qui peut être inconfortable. Les autres mamans pourront partager leur expérience, conseiller. Pour ma 1ère grossesse, je me souviens qu’une amie m’a dit : « Céline, prévois quelques surgelés ». Je planais un peu et ça m’a complètement remis les pieds sur terre.

Claudia : Est-ce que vous avez d’autres projets après ce livre ? Peut-être un peu de repos ? 

Céline : On essaie de se reposer mais on a beaucoup de travail de promotion. On a un vrai sentiment d’accomplissement. Notre objectif est que le Mois d’Or devienne un concept, un vrai sujet de société. Il y a encore trop de baby blues (80%) et trop de dépressions post-partum (25%). J’aimerais qu’on entoure vraiment les jeunes mamans, qu’on en prenne soin. 

Claudia : Remettre la maternité au coeur de la vie, dans notre époque frénétique…

Céline : Oui. Et harmoniser les différentes dimensions. Rien n’empêche de retrouver son travail après.

Claudia : Quand on rencontre quelqu’un, qu’on a un coup de foudre, on le prend, ce temps si spécial. On devrait le prendre aussi dans la rencontre avec bébé.

Céline : L’allongement du congé paternité avait été demandé par la Commission européenne à la France et il n’a pas été voté. Il faut savoir qu’aux Pays-Bas, les mamans disposent d’une femme qui est entre la puéricultrice et la sage-femme. Elle vient chez toi pendant 10 jours et elle t’aide 6 heures par jour… 

Claudia : C’est incroyable… Peut-être une idée à fair venir en France. Merci, Céline, pour ce moment vraiment délicieux passé ensemble et pour tous ces enseignements. 

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