Cette semaine, rencontre avec Adrien, hypnothérapeute… pour mieux comprendre l’Hypnose et l’infuser dans nos vies…

Bonne lecture !

« Claudia YogaPassion : Bonjour Adrien, peux-tu s’il te plaît te présenter en quelques mots pour les lectrices de YogaPassion ? 

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Adrien Moulard : Oui bien-sûr, je m’appelle Adrien Moulard, j’ai 32 ans, je vis à Paris où je travaille comme hypnothérapeute et formateur en communication.
Je diffuse également l'(auto)hypnose au cours d’ateliers, dont les sessions de Yoga sous Hypnose, dans lesquelles on utilise l’hypnose pour faciliter le lâcher-prise et la concentration notamment.

Claudia YP : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert l’Hypnose et comment s’est passée la 1ère séance que tu as reçue ?

Adrien M. : J’ai découvert l’hypnose dans le cadre d’un processus d’évolution personnelle. Après avoir pris conscience à 25 ans que je ne voulais plus faire du conseil, j’ai décidé de faire un tour du monde pour trouver ce que je voulais faire de ma vie. Mais il m’a fallu du temps pour quitter le petit cabinet pour lequel je travaillais, et finalement avant même d’être parti (pour ce qui finira par être deux tours des Amériques), l’hypnose m’est tombée dessus. Dans un bar. Par le biais d’un ami du lycée que j’avais perdu de vue depuis, et qui était devenu magicien entre temps (on peut devenir magicien !) et qui avait aussi appris à faire de l’hypnose.
 
Je dis souvent que pour rentrer dans un bon roman ou dans un bon film, il faut oublier les bruits autour, oublier le temps, oublier que tout cela est faux et ressentir des sensations et émotions comme si ça nous arrivait, ce qui ressemble fortement à un état d’hypnose n’est-ce pas ?… On utilise 2 ingrédients : de la concentration, et de l’imagination. Vous ne pouvez pas rentrer dans votre livre ou dans votre film si vous n’êtes pas concentré, si vous pensez à autre chose. Et c’est le fait d’imaginer que l’histoire vous arrive qui vous permet d’avoir peur devant un film d’horreur, même si vous savez bien, au fond, qu’il n’y a pas de meurtrier dans la salle.
Et je rajoute que, pour que cela ait un impact sur nous, il faut que cela nous touche. Il faut un 3ème ingrédient : de l’émotion. Vous savez, ces livres ou ces films qui nous ont marqué, qui sont restés avec nous à l’intérieur, qui ont pu nous faire changer de perception ou d’avis sur un sujet…
C’est ce qui s’est passé dans ce bar : je suis concentré, car mon ami me parle de choses intrigantes.
M’expliquant que pour lui l’hypnose ce sont des techniques qui permette de connecter avec l’inconscient, et que l’inconscient étant la partie de nous qui gère tout ce qui est automatique, il peut être vu comme un centre des commandes, une salle des machines… . Et dans ce centre des commandes il peut y avoir des leviers… de boutons… des écrans… des interrupteurs… (je ne sais pas quelles images vous viennent à la lecture de ces mots…)
Et c’est ce mot-là qui a tout déclenché !
Pourquoi, parce que 9 ans plus tôt, imprégné de lectures bouddhistes mal comprises, j’avais mis en place un rapport détaché aux émotions. Et quand cette décision s’est prise en moi, elle s’est prise sous la forme d’un interrupteur que j’allumais dans ma poitrine. J’ai littéralement eu l’impression d’allumer un gros interrupteur dans ma poitrine. Comme parfois on peut avoir une boule dans la gorge, un noeud dans le ventre… Là c’était un interrupteur.
Bien-sûr, avec le temps, je m’étais rendu compte que ce mode de fonctionnement « détaché des émotions » n’était pas satisfaisant mais que faire…?
Quand en hypnose mon ami a prononcé le mot « interrupteur », je ne m’attendais pas du tout à retrouver mon interrupteur de l’époque, toujours allumé, mais… couvert de poussière (j’aime le langage symbolique de l’inconscient, et les émotions qu’il permet de véhiculer).

Spontanément, j’ai nettoyé cette poussière et depuis je suis beaucoup plus libre et flexible dans ma manière de vivre mes émotions.
En fait je pense que j’ai été hypnotisé ce soir-là car, même si à aucun moment on ne m’a demandé de fermer les yeux ou de rentrer en transe, 6 ans plus tard je suis encore là à parler d’hypnose ^^

Claudia YP : Comment as-tu développé une passion pour l’Hypnose et quelles furent les étapes pour te former et commencer à exercer ?

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Le sourire d’Adrien 🙂

Adrien M. : Passionné dès que j’ai perçu de quoi il retournait (concentration + imagination + émotion combinées peuvent faire des miracles), et de tendance autodidacte, j’ai lu tout ce que j’ai pu trouver (à commencer par Un Cerveau Pour Changer, de Richard Bandler, génie co-créateur de la programmation neuro-linguistique, qui est une sorte d’explication de comment fonctionne l’hypnose / notre cerveau). J’ai aussi regardé beaucoup de vidéos (il y a énormément de ressources disponibles gratuitement aujourd’hui, dont de plus en plus en français).
Et je suis parti faire mon voyage et pratiquer avec tous les gens que je rencontrais, en français, en anglais puis rapidement en espagnol.
Et au bout d’un an je suis rentré me former à l’ARCHE, une des écoles les plus réputées à Paris.
Et peu de temps après je me suis installé.
Et depuis je continue de me former au long cours, dans les livres que j’achète de manière un peu compulsive, je dois le reconnaître (compulsion dont je n’ai pas vraiment envie de me défaire), et grâce aux formations diverses que je suis régulièrement, souvent de spécialisation (arrêt du tabac, gestion du poids, …).
Et dans les échanges nourris avec mes collègues et ami.e.s, notamment dans le cadre des cours d’Hypnologie, donnés gratuitement tous les mardis soirs à Paris et retransmis en vidéo pour ceux qui ne peuvent venir.
 
Pour former ma clientèle, mon principal relais, au-delà du bouche-à-oreille qui a mis un peu de temps à vraiment faire tourner mon activité (2 ans), a été de rapidement faire des ateliers, des cabinets publics où je présentais comment l’hypnose fonctionne et faisais des démos.

Claudia YP : Peux-tu nous présenter l’Hypnose, en quelques mots, et ses principales applications et bienfaits ?

Adrien M. : L’hypnose, c’est un terme difficile car il a plusieurs sens, en plus de qualifier des processus… qu’on ne comprend pas encore tout-à-fait. C’est que c’est pas facile à mesurer, la subjectivité de l’être humain…

Mais bon… Challenge accepted! 

Concrètement, l’hypnose définit à la fois des techniques (de communication) qui permettent de faire changer d’état de conscience (la définition vaut pour la voix de tel collègue qui vous énerve, telle photo ou film qui vous plonge dans une émotion, telle odeur ou tel goût qui vous rappelle tel souvenir…) ; et un état (de conscience), différent de la veille ou du sommeil. 
Certains parlent d’état de conscience modifié, mais la définition ne tient pas la route, car elle suppose qu’on aurait un état « standard » de conscience, or si on observe bien, en fait on change très régulièrement d’état de conscience : sommeil, phase de réveil, du bon pied jusqu’à une mauvaise nouvelle ou une contrariété, ou inversement, concentré, puis dissipé, créatif, ou plus en mode automatique / répétition, en mode pilote automatique quand vous êtes au volant, jusqu’à aller se coucher, s’endormir, rêver…
Ce qui m’amène à la définition suivante de l’hypnose : c’est la science des changements d’état. C’est comprendre et appliquer ce qui se passe quand on se détend. Qu’est-ce qui se passe quand je m’endors ? Quand je m’énerve ou au contraire quand je me calme ? Quand une habitude se met en place et quand je change d’habitude ? Quand je me sens bloqué d’abord – comme dans la grande majorité de nos apprentissages : marcher, parler, lire, écrire, conduire – et que je trouve finalement de nouvelles solutions ? Etc.
 
L’hypnose que je pratique est donc une manière de mieux connecter avec son inconscient pour pouvoir mieux le guider et l’aider à se mettre à jour.

En partant du principe que l’inconscient est exclusivement positif : il fait de son mieux pour nous protéger et nous aider à être satisfait. Et qu’il fait ça de manière économe : une fois qu’il a trouvé une manière de protéger et/ou satisfaire un besoin, il l’automatise. On ne va pas réapprendre à marcher, à parler ou à lire tous les matins.
Mais parfois ces apprentissages, qui ont pu être la meilleure solution possible au moment où ils ont été trouvés se retrouvent… dépassés et inadaptés. Et notre inconscient nous paraît négatif, nous paraît poser problème… Et souvent les gens se mettent à lutter contre eux-mêmes.
C’est là que l’hypnose permet de réveiller, dans la bienveillance, une compétence intrinsèque de notre inconscient : la créativité.
Faire de l’hypnose en somme, c’est dire, montrer, faire ressentir à son inconscient « Hey ! Je sais que tu fais de ton mieux, et c’est déjà vraiment super (de m’avoir mené où je suis aujourd’hui). Et en même temps je suis sûr qu’on peut faire mieux, ça te dit ? » plutôt que le classique « AAAAH c’est horrible, je suis nul, je suis pas comme il faut, je me sens mal, faut pas que je STRESSE…! ».
 
Donc si l’hypnose me paraît utile dans tous les domaines de la vie (la communication étant intriquée dans absolument tout ce que l’on fait, mieux la maîtriser, dans sa relation aux autres et à soi-même, est universellement bénéfique), les gens viennent surtout pour apprendre à mieux gérer leur stress, leurs émotions (parfois de manières générale dans le cas de l’anxiété, parfois sur des sujets particuliers, comme la prise de parole en public), pour mettre en place de nouvelles habitudes plus facilement (ré-apprendre à se détendre sans tabac, à se faire du bien autrement qu’en mangeant, …) à se motiver pour dépasser la procrastination (se mettre au sport par exemple), dépasser des peurs et phobies (des araignées, des ascenseurs, des pigeons…!), améliorer leurs performances (sportives comme ce karatéka qui n’arrivait pas à donner le meilleur de lui-même, intellectuelles – je me suis notamment spécialisé sur l’apprentissage des langues étrangères -, sexuelles…), faciliter une transition (comment rebondir d’un burn-out, d’un deuil…?)
Pour finir, je dirais que ce qui différencie ma pratique de la plupart de mes collègues, c’est que l’apprentissage de l’autohypnose y est central : les gens viennent trouver de nouvelles manières de fonctionner sur un sujet particulier, et aussi apprendre à pouvoir trouver des solutions par eux-mêmes par la suite.
C’est l’histoire de donner un poisson à quelqu’un qui a faim ou de lui apprendre à pêcher. Personnellement, je considère que les gens savent déjà pêcher, seulement ils se sont habitués à pêcher au même endroit, avec le même matériel et le même appât, mais ils en ont marre de lever toujours le même genre de prise.
Mon job, c’est d’explorer avec eux d’autres endroits où pêcher, changer de canne-à-pêche / pêcher au panier ou autre, considérer devenir végétarien, etc.

Claudia YP : Comment fais-tu pour garder l’équilibre dans ta vie bien remplie ? Est-ce que tu pratiques des activités comme le Yoga, le tai-chi etc ? 

Adrien M. : Je fais du sport assez régulièrement (je tourne entre la course à pied, des pompes, du gainage et de la corde à sauter). Je nage aussi un peu, mais de manière moins régulière. J’aime bien la slackline, je trouve que c’est une pratique physique très complète (tenir en équilibre sur une sangle) et douce, voire presque méditative (ça vide très bien la tête). Et quand je peux je saute en parachute, c’est une bonne manière de remettre les compteurs à zéro.

Le matin je fais le rituel matinal de Tony Robbins (vidéo dont le sous-titrage a fait décoller ma page Facebook).
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Note de Claudia : il commence avec le Pranayama Kaplabhathi, issu du Yoga !
Le soir je fais une technique que je recommande à mes clients : juste avant de m’endormir (quand l’inconscient est naturellement plus présent) je note tous les changements positifs que j’ai vécus dans la journée, dans l’idée de féliciter mon inconscient et de faciliter leur automatisation (c’est notamment le moment où les rêves se programment).
Je fais aussi beaucoup d’autohypnose ; parfois juste un petit mot pour mon inconscient, parfois une technique plus complète, parfois même des enregistrements de moi pour moi.
Et puis chaque séance est une source d’apprentissage et de connexion toujours plus incroyable et ressourçante : je prends les gens par la main pour les amener au seuil de leur inconscient dans de bonnes conditions, et ensuite c’est eux qui m’entraînent avec eux !

Claudia YP : Quels sont tes projets à venir ?

Adrien M. : Alors pour cette année… je travaille à diffuser le Yoga sous Hypnose, avec plus de sessions sur Paris (pour l’instant une par mois) et dans d’autres ville en France.
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Une séance de Yoga sous Hypnose avec Adrien

Je développe mon activité de formation en entreprise en tant que Magicien de la communication (là encore, diffuser ces approches et techniques pour que les entreprises deviennent des lieux de création d’excellence relationnelle, pour une plus grande efficacité et satisfaction, tant individuelles que collectives). Je trouve ça très encourageant que de plus en plus d’entreprises s’intéressent à ces approches – il y a quelques années parler d’hypnose en entreprise paraissait impensable !
J’ai aussi une formation en vidéos et mp3 qui est sur le point de sortir sur le site Autohypnose.com, dont je suis déjà l’auteur des articles.
Je viens en outre tout juste d’intégrer une école d’hypnothérapie pour y devenir formateur.
Et il y a un livre dont l’écriture est en cours pour mettre à disposition des professionnels de santé, de manière très pragmatique et condensée – ces gens-là ayant encore moins de temps que la moyenne – ces outils et approches. Je suis convaincu que cela pourrait rendre leur métier beaucoup plus agréable à faire et surtout leur faire gagner efficacité de mieux savoir communiquer, préparer psychologiquement un patient, lui présenter les effets secondaires potentiels sans les suggérer, savoir mieux gérer le stress ou la colère d’un patient ou de sa famille, etc.
Et puis je suis en train de lancer un nouveau concept, les Dîners sous Hypnose : l’idée c’est d’utiliser l’hypnose pour mettre les gens dans l’état idéal pour apprécier les plats préparés par un grand chef.
Et puis…
 
Et puis merci pour cette question, ça me fait me rendre compte de tout ça et de la joie que j’ai à déployer la beauté de l’hypnose dans de nombreux domaines ! 🙂
Et pour l’interview dans son ensemble, ça a été un vrai plaisir de partager tout cela avec toi. J’espère que cela sera inspirant pour les lecteurs.trices de YogaPassion !

En tout état de cause, je serai ravi de poursuivre nos échanges et de répondre à toutes les questions que cela peut faire émerger. »

A vous de jouer maintenant !

  • Avez-vous déjà suivi une séance d’Hypnose ? Qu’avez-vous ressenti ? 
  • Si vous n’avez jamais franchi le pas, est-ce que cette interview vous aide à vous lancer ?

A très vite pour de nouvelles aventures !