Si je vous dis : « Yama et Niyama », est-ce que vous avez un peu l’impression que je parle japonais ?
Eh bien en fait c’est du sanskrit, la langue ancienne de l’Inde (un peu l’équivalent du latin pour nous). Dans cet article, je vous explique pourquoi ces deux petits mots riquiquis de respectivement 2 et 3 syllabes chacun seulement sont super importants dans le Yoga et ce qu’il vont changer dans votre vie…
Peut-être avez-vous déjà entendu ces 2 mots pendant vos cours de Yoga ou les avez-vous croisés dans des livres ?
D’ailleurs, vous faites peut-être vous aussi partie du grand nombre de personnes qui pensent que le Yoga, ça consiste seulement à se contorsionner dans tous les sens ?
Alors en fait, il faut distinguer le Yoga sur le tapis (pratique des postures, de la respiration, de la méditation), et le Yoga dans la vie de tous les jours. Les Yama et Niyama renvoient à la 2ème catégorie. Ils renvoient à tout ce qu’il se passe en-dehors de nos tapis de Yoga adorés.
Peut-être savez-vous que le Yoga est apparu il y a plus de 2 000 ans et qu’il est au coeur de toute une philosophie ?
Présentation de l’article du jour
Quelles que soient vos connaissances, nous allons parler philo du Yoga, en essayant d’avancer avec :
- clarté
- et simplicité dans la complexité
C’est à dire qu’il y a beaucoup de matière mais que je vais essayer d’expliquer les concepts et notions clairement afin que vous ne ressortiez pas de cette lecture avec la tête comme une pastèque
🙂
Même si vous n’aimiez pas la philo au lycée, je vais essayer de vous faire apprécier la philosophie indienne maintenant ! J’espère qu’elle résonnera en vous, peut-être même plus que la philosophie occidentale…
Vous êtes prêtes ?
La bonne nouvelle ? Pas besoin de retrouver votre prof de philo au lycée ou dans les amphis de la fac. Aujourd’hui… c’est cours de philo dans le confort de votre chez-vous !
Et c’est parti pour une petite intro à la philosophie du Yoga !
Le thème de l’article est : les Yama et les Niyama.
Pour comprendre en quoi ils consistent, je vais commencer par faire un point rapide sur les Yoga Sutra et expliquer ce qu’est l’Ashtanga Yoga.
Puis je vous présenterai les Yama et les Niyama dans toute leurs splendeur 🙂
Patanjali et l’Ashtanga Yoga
Ces deux mots, Yama et Niyama sont directement issus des Yoga Sutra que je présente dans cet autre article dont je vous recommande la lecture, vous qui êtes de petits rats de bibliothèques yoginis 🙂
Selon Patanjali, le Yoga vise à faire cesser les perturbations du mental.
En gros, l’idée est que notre esprit est tout le temps perturbé par les circonstances extérieures.
Ce sont notamment nos sensations et tous les événements qui se produisent à l’extérieur de notre corps qui dispersent sans cesse notre attention.
Patanjali explique que notre mental est comme un singe piqué par des puces !!!
J’adore cette comparaison que je trouve vraiment très parlante, en plus d’être très drôle.
Heureusement (!), grâce au Yoga, on peut (re)trouver plus de présence et de concentration.
Ah oui, et on fait comment Claudia ?
allez-vous sûrement me demander illico…
Eh bien, ce n’est pas si simple que ça mais c’est possible, nous dit le Yoga.
L’Ashtanga Yoga compte 8 membres que l’on peut visualiser comme des étapes, des balises sur un chemin (celui du Yoga).
En principe, une fois que l’on a maîtrisé une étape, on passe au niveau supérieur (c’est comme dans les jeux vidéos 🙂 )
Etymologiquement, Ashtanga Yoga veut justement dire 8 membres (« Ashta » = 8 et « Anga » = membres).
Les Yama et les Niyama sont les deux premiers de ces 8 membres.
A la fin, on trouve Samadhi, la réalisation de soi.
Les postures (asana) et la respiration (pranayama) se situent vers le milieu du chemin.
Mais en Occident, on ne fait pas les choses dans cet ordre, on commence en général par pratiquer les postures, puis on introduit peu à peu la respiration et ensuite, éventuellement, on propose une découverte de la méditation.
La philo du Yoga n’est parfois pas du tout étudiée dans les cours, ou alors elle est seulement esquissée. Je trouve cela dommage car elle est incroyablement riche d’enseignements. C’est bien pour ça que j’ai choisi ce sujet pour mon article aujourd’hui. Il m’a semblé qu’il était grand temps d’en parler sur le blog alors je me suis lancée 🙂
Yama et Niyama : kézako ?
Les Yama et Niyama constituent un code de conduite éthique pour le yogi, c’est à dire celui qui est dans une recherche spirituelle et qui tente d’entrer en Yoga (c’est à dire en union) avec lui-même, avec la nature et avec toutes les autres créatures vivantes.
Suivre les Yama et Niyama aide à diriger l’esprit vers la quête intérieure du samadhi (l’unité, l’illumination).
Je vous invite à considérer les Yama et les Niyama comme des orientations, des directions, que vous pouvez choisir ou non d’appliquer dans votre vie.
Il ne s’agit pas de commandements ni de règles rigides ! Il appartient à chacun de réfléchir, de chercher et d’avancer sur son propre chemin.
La spiritualité, c’est avant tout le questionnement, il ne s’agit nullement de suivre aveuglément des préceptes plutôt que d’autres…
Zoom sur les Yama (discipline sociale)
Les Yama sont les règles morales en société ou les observances par rapport aux autres, qui permettent au yogi (ou à la yogini 🙂 ) d’être en harmonie avec ses semblables et la société.
Les Yama concernent l’être plutôt que l’avoir ou le faire. Il sont le cadre qui peut nous aider à opérer des changements positifs dans notre être.
Ils consistent notamment à amener notre pratique du Yoga en-dehors du tapis, dans la vie de tous les jours !
Les 5 Yama sont :
- Ahimsa – non-violence
- Satya – dire la vérité
- Asteya – honnêteté
- Brahmacharya – contrôle des sens et de la sensualité
- Aparigraha – non possessivité par rapport aux biens matériels
Zoom sur les Niyama (discipline personnelle du yogi)
Les Niyama sont les observances que le yogi pratique pour lui-même, ses disciplines personnelles, pour progresser sur le chemin du Yoga.
Les 5 Niyama sont :
- Saucha – pureté
- Santosha – contentement
- Tapas – austérités, pratique du Yoga
- Svadhyaya – étude du Soi (sa véritable nature) et des écritures sacrées
- Ishwarapranidhana – abandon à ce qui est supérieur
En savoir plus sur les Yama et les Niyama… to be continued !
Les prochains articles du blog seront l’occasion de présenter les Yama et les Niyama en détails, en les faisant entrer en résonance avec la pratique du Yoga.
Petite remarque sur la mise en pratique des Yama et des Niyama
Il vous appartient biens-sûr d’intégrer (ou non !) les Yama et les Niyama dans votre vie. Ici, c’est votre liberté qui prime : rien ne sert de vous forcer et vous devez avant tout écouter votre coeur.
Le Yoga doit toujours rester une passion, un plaisir et pas une corvée !
Il peut par contre devenir une discipline, un repère dans votre vie, un rendez-vous avec vous-même. Mais sur ce point, c’est à vous de modeler la relation que vous souhaitez avec le Yoga.
Mettez cette belle Philosophie du Yoga en pratique !
Salut ! Merci beaucoup pour ton article. 🙂
Mais pourquoi est-ce que tu demandes si on est prêtEs ? Je ne serais pas franchement ravi, si j’avais été un homme. 😉
Bonjour, avec plaisir pour mon article. En fait, j’écris ce blog au féminin et je parle de ce choix dans plusieurs articles. A bientôt 🙂
Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article. Merci pour son contenu, pour vos sourires et pour la simplicité avec laquelle vous l’ avez écrit 😊
Je réagit : « Il vous appartient biens-sûr d’intégrer (ou non !) les Yama et les Niyama dans votre vie ».
Je me pose alors la question suivante : Comment pouvons-nous ne pas intégrer ces principes (règles) et poursuivre dans notre yoga, c’ est à dire à être en harmonie avec toute chose ?
J’ en cite quelque un comme la non-violence (le respect de la vie et la non-dualité), l’ austérité et la non possession (tous les deux facteurs d’ agitation mentale) mais aussi la dévotion (l’ amour du divin, de la vie)… Dans le cadre d’une pratique de yoga ayant comme buts le calme et la désidentification au mental… ces principes sont indispensables et ne peuvent échaper à la pratique du yoga.
Sans émettre ici une pensée standardisée, je pense tout de même que les Yamas et Niyamas sont des étapes, des concepts à intégrer et à appliquer pour atteindre l’ union. On ne peut y échaper. Reste alors la liberté dans la forme d’ application qui nous appartient et peu importe le temps, la liberté consciente de les appliquer dans la vie que nous menons car ils transcendent toutes choses.
Le yoga est multiple, elle est à chacun(e), souple et à la fois rigide.
Je vous souhaite une très bonne année 😊
Etienne
Bonjour Etienne,
Merci pour votre commentaire éclairé et éclairant.
Je trouve la question que vous posez très intéressante et elle permet de lancer une belle discussion.
Je n’ai pas de réponse absolue 🙂
Ce que je ressens, dans les enseignements que j’ai reçus, en Occident, et dans les cours que je donne à présent, c’est qu’il est plus facile, pour une personne qui commence le Yoga, de l’aborder à travers les postures et à travers la respiration. Souvent, les Asanas et le Pranayama sont donc enseignés en premier. Par la suite, quand une personne connaît ces bases et pratique depuis déjà plusieurs mois ou années, alors, les Yama et Niyama sont abordés en détails et la personne peut adopter le Yoga dans une sens plus large, pas seulement comme une pratique sur le tapis, mais comme une véritable philosophie ou éthique de vie.
Pour autant, dans les cours de Yoga que je propose, même les cours pour débutants, je veille à toujours « infuser » des éléments issus des Yama et Niyama, en décrivant par exemple Ahimsa, la non-violence par rapport à son propre corps ou Asteya, ne pas voler d’idées aux autres et toujours citer ses sources.
Chaque enseignant(e) et chaque personne a sa propre sensibilité et se trouve à un moment précis de son chemin personnel et spirituel.
Il y a donc, à mon avis, plusieurs manières de transmettre le Yoga, au-delà des postures.
Je vous souhaite, à mon tour, une très belle année 2019.
Et de belles pratiques du Yoga.
A bientôt et Namaste,
Claudia