Aujourd’hui, je vous propose un article un peu différent de ce que je publie d’habitude…

Samedi 23 mai dernier, j’ai décidé, pour la 1ère fois de ma vie, de réaliser 108 salutations au soleil…en une seule fois ! J’ai décidé de vous raconter mon expérience et je partage avec vous des conseils par rapport à ce que j’ai découvert… Que vous ayez déjà fait 108 salutations au soleil, que cela soit dans vos projets ou que cela vous intrigue tout simplement, vous allez vous retrouver dans cet article. Allez, let’s go !

En lisant le début de cet article, vous pensez peut-être :

Quoi ? Faire 108 salutations au soleil à la suite… hein, mais pourquoi au juste ? Elle débloque complètement là, Claudia, non ??

Eh bien en fait, je n’ai pas été chercher ce nombre dans mon petit cerveau malade… il est en lui-même très symbolique (le nombre 108 hein, pas mon cerveau… Aaaah ces ambiguïtés de la langue française parfois..!)

En effet, 108, c’est le nombre exact de perles qu’on trouve sur un mala, vous savez, les colliers de prière et de méditation.

mala-collier-prieres-bouddhisme

Un mala avec ses 108 perles

108, c’est aussi le nombre de points appelés « marmas », dans l’Ayurveda.

marmas-ayurveda

les 108 marmas (points de vie)

Et c’est encore le nombre de noms donnés aux divinités indiennes…

Pourquoi pratique-t-on souvent les 108 salutations au soleil au printemps ?

Eh bien il s’agit d’une pratique traditionnellement effectuée au printemps pour célébrer le solstice, la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps.

Pour découvrir une pratique de Yoga plus accessible et dédiée au printemps, je vous invite à découvrir l’article que j’ai publié sur le blog d’Isis, Inspiration Yoga.

Pourquoi j’ai décidé de faire 108 salutations ?

Eh bien, je les ai vues comme un « défi » multiple, à la fois mental, spirituel et physique.

Ma question (lancinante) était : en suis-je capable ?

Et là je repensais à mon passé et la petite voix bébête dans ma tête (mon ego) me disait :

Hé, nan mais t’inquiète ! Tu as déjà couru plusieurs semi-marathons alors physiquement, les 108 salutations, ça va être du gâteau !

Pour couronner le tout, mon ego (flatteur) me chuchotait aussi :

Hé, nan mais t’inquiète, tu as fait 2 ans de classe prépa et tu as survécu à tes collègues pas tous adorables (petite litote aussi) pendant 2 ans quand tu bossais dans un bureau alors ton mental est bien assez solide pour te permettre de tenir les 108 salutations. Ca va aller les doigts dans le nez !

Evidemment, cette auto-complaisance et cette suffisance sont aussi ce qui nous poussent à agir, ce qui n’est pas si mal en soi et peut nous les rendre un peu moins exécrables…

Mais pour être tout à fait honnête, je n’avais pas que ça comme voix dans ma tête, loin de là…

J’avais aussi l’autre côté, « le côté obscur de la force », en quelque sorte, qui me disait :

Hé, mais attends, des fois tu as déjà du mal à enchainer 10 salutations + ta pratique, alors tu penses que tu vas réussir à en faire 108 ? Tu rêves ou quoi ? En plus, tu n’as pas assez de volonté, tu vas lâcher l’affaire avant d’avoir fait 15 salutations et après tu vas te sentir toute naze !

En bref, je partais sans bien savoir comment ça allait se passer, tiraillée entre mes deux petites voix contradictoires.

Puis je me suis lancée !

Comment je me suis préparée ?

Eh bien en fait, ce fut plutôt spontané. En effet, j’ai décidé de le faire environ 1 heure avant de monter sur mon tapis…

Je venais d’accompagner mon copain à une compétition d’arts martiaux et je me suis sentie comme galvanisée.

A rester là assise, sur le banc pendant que les autres bougeaient et s’exprimaient avec leur corps, ça m’a donné la gniaque et je me suis dit que j’avais envie moi-aussi de m’exprimer, à ma façon, et donc, grâce au Yoga.

Et là, comme une évidence, j’ai pensé :

« Je vais faire les 108 salutations, ça y est, je suis (enfin) prête »

Je me suis mise en tenue, j’ai déroulé mon tapis et j’ai pris un papier et un stylo près de moi pour faire mon décompte. Une fois tout ça mis en place, je n’avais plus d’excuses pour me décourager… (Trop la flemme de tout ranger !!!)

J’ai soufflé un bon coup…. et j’ai commencé !

Comment ça s’est passé ?

J’ai alterné entre des périodes de torture et d’épouvante où dans ma tête passaient des pensées pas très jolies, marquées par la colère, du style :

« Oh mais bon sang de $&*=#, j’en ai fait que 5, mais c’est pas possible, je vais jamais m’en sortir »

ou par le désespoir :

« Oh pauvre de moi, mais dans quel guêpier me suis-je encore fourrée alors que j’aurais pu me préparer une bonne tasse de thé et squatter Facebook bien tranquille sous mon plaid… »

Et par des pensées rassurantes, du style :

« Eh mais j’en ai déjà fait 70 là, en fait c’est pas si horrible que ça, je crois que ça va le faire ! »

Ou parfois même un peu euphoriques :

« Je crois que je danse » ou

« Plus que 5 !!!!! yahouuuuuuu j’arrive au bout du tunnel, c’est bientôt fini ! »

Qu’est-ce que j’ai ressenti dans mon corps et dans mon souffle ?

Eh bien, je dois avouer que j’ai ressenti des sensations assez inédites jusque là dans ma pratique.

J’ai ressenti ma respiration à fond dans le chien la tête en bas. C’était comme si chaque inspiration et chaque expiration me traversaient complètement et j’étais super attentive à la température de l’air, son passage dans chaque partie de mon corps…

J’ai aussi nettement mieux exploré cette posture que d’habitude.

En effet, au bout de quelques salutations, c’est comme si quelque chose s’était débloqué en moi. Moi qui peine souvent à allonger mon dos et ne pas l’arrondir dans la posture… Et moi qui ai encore de petits souvenirs de mes années de course à pied avec des ischio-jambiers encore assez raides qui me rendent fort difficile la posée des talons dans le sol.

Cette fois-ci, je me sentais vraiment habiter la posture, comme si elle était devenue naturelle.

Qu’est-ce qui s’est passé dans ma tête ?

Pour être honnête, je dois bien dire que j’ai oscillé entre la précipitation et la langueur.

Mais la plupart du temps,  j’allais le plus vite possible dans mes mouvements pour en finir au plus vite. Ca m’est surtout arrivé au début quand mon esprit répétait :

« 108 olala, mais c’est énorme »

Heureusement, au fur et à mesure que j’avançais, je commençais à me sentir rassurée et capable de les terminer.

Dans les 10 dernières salutations, j’ai eu ma phase que je qualifierai de « phase Faust » où j’étais en plein :

« Verweile doch, du bist so schön » (« Attarde-toi, tu es si beau !)

Un peu d’explications et de contexte ci-dessous, pour les yoginis qui n’ont pas étudié l’allemand :

Faust est un savant du Moyen-Âge qui recherche l’omniscience : il voudrait tout savoir et tout expérimenter. Il passe alors un pacte avec le diable en personne, Mephistopheles… A un moment, Faust touche enfin au bonheur et il s’exclame alors, s’adressant à l’instant présent : « Attarde-toi, tu es si beau ». Autrement dit : il voudrait que cet instant dure toujours…

Petite parenthèse pour vous confier que j’ai adoré lire et relire Faust. Je connais même une petite tirade par coeur, c’est vous dire ! Alors si jamais vous voulez plonger au coeur de ce chef-d’oeuvre de la littérature allemande, vous pouvez vous le procurer facilement sur Amazon.

Revenons-en à nos moutons du jour : les 108 salutations !

Eh bien je me sentais tellement bien vers la fin des 108 salutations, que j’ai ressenti quelque chose comme ça. J’étais tellement heureuse et c’est comme si le temps s’était complètement suspendu ou arrêté pour moi et autour de moi.

Même si au début, j’avais plein de pensées dans la tête, j’ai réussi peu à peu à plonger comme dans une longue méditation en mouvement.

Il y a eu de nombreux moments où je ne pensais plus du tout au monde extérieur, je n’entendais plus rien, je ne pensais plus à l’heure qu’il était…

J’étais entièrement plongée dans ma pratique et comme délestée de tout souci et de toute inquiétude. Et pourtant je devais partir donner un cours de Yoga juste après !

Les petits moments de doute…

  • Est-ce que j’en ai fait exactement 108 ? Je comptais 10 par 10 mais parfois j’avais peur d’en oublier une ou d’en rajouter une… Au final, je me dis que le nombre exact n’est pas le plus important, je choisis plutôt de mettre l’accent sur l’expérience vécue.
  • Est-ce que j’ai bien respiré ? J’avais l’impression de ne pas toujours prendre 5 respirations  complètes dans Adho Mukha Svanasana, par exemple…
  • Est-ce que les autres yogi(nis) qui font ça enchaînent tout direct ou est-ce qu’elles prennent des mini-pauses ?
  • Est-ce qu’on peut se ré-étirer voire se reposer un peu entre les postures ? Moi je secouais juste un peu mes poignets et je faisais parfois une courte pince debout…

Le petit « exploit » de la pratique

(ou plutôt devrais-je écrire : « la mini cata »…)

J’ai déchiré mon tapis en faisant un « jump through », ce qui ne m’était encore jamais arrivée ! Mais là, cette pratique m’a sans doute plus fatiguée que d’habitude, même si je ne l’ai pas senti immédiatement. Du coup j’ai eu le syndrome « traîne la patte » mais version sautée, haha !

Quel fut mon timing ?

1h30 de pure pratique, sans interruptions.

J’avais commencé et là j’ai vite compris que j’avais oublié de prendre ma gourde d’eau à côté de moi. Comme je ne voulais pas m’interrompre, je me suis lancée en me promettant un temps pour boire après la pratique.

J’ai donc pratiqué les fameuses 108 salutations, puis j’ai ensuite fait une super relax’ et pris une bonne douche. J’en suis, pour une fois, ressortie avec une faim de loup, moi qui n’ai d’habitude pas trop faim après la pratique… Et j’ai dormi comme un bébé le soir… Au réveil : grande forme ! Un sommeil réparateur comme on n’en a pas si souvent…

Comment s’est passé l’après ?

J’ai un peu redouté le lendemain et le surlendemain, m’attendant à des courbatures infernales et en fait je n’ai rien eu du tout… J’ai encore du mal à y croire…

Est-ce que je le referai ?

Pourquoi pas ! J’aimerais bien notamment le refaire en groupe, en pratiquant avec d’autres personnes.

Peut-être aussi en musique (par exemple au son des mantras ou du bol tibétain) car cette fois-ci je l’ai fait entièrement en silence, guidée par ma respiration…

Pourquoi je vous conseille de vous lancer dans cette pratique

D’après l’expérience que j’ai vécue, il me semble que cette pratique va vous aider à en apprendre plus sur votre Yoga et sur vous-même.

Je pense aussi que c’est un bon exercice de concentration et un bon défi pour le mental.

Et puis la pratique mobilise pas mal de Yama et de Niyama, notamment :

  • Ahimsa (ne pas nuire). Dans cette pratique : ne pas se nuire, écouter son corps, ne pas aller trop loin
  • Samtosha (le contentement). Dans notre cas : être prête à se lancer et à accepter ce qui va se produire, même si au final on ne va pas au bout des 108 salutations
  • Svadyaya (l’étude de soi) : mieux se connaître et mieux se comprendre
  • Tapas (l’ascèse). Ici, réussir à ne pas céder à la facilité ni à la paresse. Et avoir une motivation et une volonté suffisante pour se lancer et se tenir à ce programme ambitieux !

Et vous, qu’en pensez-vous ? A vos commentaires !

  • Vous avez déjà testé les 108 salutations d’une traite ? Si oui, c’était comment, racontez-nous !!
  • Si non, est-ce que ça vous tenterait ? Ou au contraire est-ce que cette simple pensée vous donne envie de vous exiler dans un pays lointain ?
  • Est-ce que les 108 salutations vous inspirent ou au contraire vous trouvez l’idée trop mystique ? Ou alors vous avez l’impression que cette pratique est trop compétitive, trop orientée sur le résultat ?

De mon côté je vous prépare un atelier 108 salutations au soleil en 2015, alors vérifiez que vous êtes bien abonnée à ma newsletter pour recevoir les infos !

A vos commentaires !