C’est mon amie Sarah qui m’a fait découvrir la Communication Non-Violente (ou CNV) et le livre de M. Rosenberg il y a environ 2 ans, je crois.

J’ai tout de suite beaucoup accroché avec cette méthode et elle m’a beaucoup aidée à mieux exprimer mes besoins et à désamorcer certains conflits. Aujourd’hui, je vous propose une petite synthèse pratique sur la CNV.

La Communication Non-Violente, c’est quoi ?

Inventée dans les années 1960 par le psychologue américain Marshall B. Rosenberg, la CNV invite chacun à exprimer ses besoins avec clarté et précision.

Ce qui commence souvent par… se taire. Observer la situation sans la juger (« Les enfants n’ont pas rangé leur goûter »), clarifier son ressenti (« Je suis fâché ») et formuler ses besoins (« J’aimerais me reposer dans un endroit propre »). Suivi d’une demande concrète qui considère l’autre («Rangez quand vous aurez fini de goûter »), quitte à prendre le temps de vérifier qu’il n’y a pas de malentendu en reformulant les propos de chacun.

La CNV apprend à s’affirmer dans le respect de l’autre, et à lui inspirer la même empathie. 

Source. : nvc-europe.org.

Rosenberg a utilisé la CNV dans de nombreuses situations : professionnelles, personnelles, mais aussi dans ses fonctions de médiateur au sein de conflits internationaux graves (Israël/Palestine, Rwanda, etc.).

Découvrez ou redécouvrez son grand ouvrage sur la Communication non-violente, devenu un classique

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Comment fonctionne la Communicatio non-violente ?

La CNV consiste à suivre plusieurs étapes pour avoir une conversation importante avec quelqu’un.

Voici les 4 étapes à suivre :

  1. Entamer la conversation et commencer avec du positif
  2. Décrire la situation gênante objectivement
  3. Expliquer clairement les désagréments que nous ressentons et ce dont nous aurions besoin, à la place, pour mieux nous sentir
  4. Proposer une solution qui, idéalement, sera co-construite avec notre interlocuteur

Exemple concret : vous en avez marre que votre amoureux laisse traîner ses chaussettes sales partout dans l’appartement.

Méthode « traditionnelle » : lui crier dessus et s’énerver..

« P******** ! Mais tu pourrais pas ranger tes chaussettes dégueulasses pour une fois, j’en peux plus de vivre avec un porc pareil, moi ! »

Violent, n’est-ce pas ? Et pensez-vous que votre chéri aura envie de faire des efforts après s’être fait admonester de manière aussi agressive et peu constructive ?

Essayons maintenant d’imaginer une approche Communication Non-Violente pour désamorcer cette situation de la vie de couple…

Etape préparatoire (essentielle) : Trouvez le moment idéal

Le contexte de réception de votre message est très important. Si vous sautez sur votre chéri quand il rentre crevé du travail ou 5 minutes avant l’heure à laquelle il doit partir, vous imaginez bien qu’il ne sera pas pleinement disponible pour vous écouter avec bienveillance.

Si vous n’êtes pas sûre que ce soit le bon moment, vous pouvez lui demander : « Chéri, j’aimerais te parler de quelque chose, est-ce que tu es disponible maintenant ? »

Etape 1 : Démarrer la discussion

Une fois le bon moment trouvé, commencez la discussion. Idéalement, commencez par valoriser votre chéri et lui rappeler vos sentiments. Par exemple : « Chéri, tu sais que je suis très heureuse d’être en couple avec toi, tu es un homme incroyable et j’apprécie tes nombreuses qualités. »

Vous pouvez aussi l’enlacer, lui prendre la main ou même l’embrasser.

Démarrer la conversation ainsi permet de le rassurer et le met dans une disposition favorable pour écouter la suite.

Etape 2 : décrire la situation avec objectivité et sans « drama »

« Chéri, j’ai remarqué que tu laissais régulièrement tes chaussettes sales par terre, dans les différentes pièces de la maison. Par exemple, là, maintenant, il y a une paire par terre dans le salon et une paire par terre à côté de notre lit. »

L’important est d’énoncer des faits concrets, circonstanciés et précis, sans y mettre de subjectivité, d’évaluation ni de jugement et de rester dans la description de cette situation précise. Rien ne sert de rappeler des événements ou comportements du passé qui n’ont rien à voir ! Evitez aussi les jugements péremptoires avec des adverbes comme « jamais » ou « toujours ». Pour notre exemple, dire : « Tu laisses toujours traîner tes chaussettes » est une affirmation vague et qui ne fait pas avancer les choses !

Etape 3 : Exprimer clairement les désagréments que nous ressentons et énoncer nos besoins
« Lorsque je vois tes chaussettes par terre ou que je marche dessus, j’ai l’impression que notre appartement est mal rangé ou manque de propreté. Ca me dérange car j’ai besoin d’avoir un environnement sain et le plus ordonné possible pour me sentir bien quand je rentre à la maison et que je te retrouve après nos journées de travail. »
Etape 4 : Formuler une proposition de solution
« Penses-tu que ce serait possible, pour toi, à partir de maintenant, chaque fois que tu retires tes chaussettes sales, de les placer directement dans le panier de linge sale ? Je sais que ce n’est pas évident de changer ses habitudes mais ça ne te prendra que quelques secondes à chaque fois et ça produira un grand changement pour moi. Je me sentirai plus sereine et mieux chez nous et mon besoin de propreté et d’ordre sera respecté. Es-tu d’accord ? »
Une fois sa réponse formulée, remerciez-le sincèrement de vous avoir consacré ce temps d’écoute et de mettre en place cet effort. Redites-lui à quel point vous l’aimez et à quel point vous appréciez son attitude.
Comme aide-mémoire, vous pouvez utiliser ce petit bonhomme OSBD qui résume les différentes étapes d’une approche CNV
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Très important en CNV : oser dire les choses !

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J’ai remarqué que beaucoup de personnes ont peur des conflits ou les détestent. Du coup, quand une situation ne leur convient pas, elles préfèrent prendre sur elles que d’aborder les choses clairement et de rechercher des solutions ensemble.

Parfois ces personnes se persuadent qu’il vaut mieux préserver la paix à tout prix que de risquer une grosse dispute, voire, dans le contexte du couple, une rupture.

Et pourtant, garder les choses pour soi et les laisser prendre de l’ampleur, comme de la vapeur enfermée dans une cocotte-minute, n’est jamais bénéfique. Et à un moment donné, le risque est élevé d’exploser d’un coup et de s’énerver vraiment !! Et alors le partenaire demandera, d’un air consterné : « Mais pourquoi tu ne m’en as pas parlé plus tôt ? »

Donc le conseil que je vous donnerai, quand quelque chose vous dérange ou ne convient pas, c’est d’oser en parler tout de suite.

Généralement, votre partenaire appréciera votre franchise et ça ne fera que renforcer votre relation.

J’ai aussi appris autre chose…

Grâce à la CNV, j’ai aussi compris à quel point il est essentiel de DEMANDER, de poser des questions à l’autre personne (notre interlocuteur/trice) pour bien comprendre ce qu’elle ressent.

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Il n’y a rien de pire que de faire des suppositions et d’imaginer qu’on peut deviner ce que ressent l’autre.

La CNV recommande d’ailleurs de reformuler régulièrement ce que nous dit l’autre et d’essayer de comprendre quel besoin profond, non satisfait, se cache derrière une affirmation.

Par exemple : Si votre chéri vous dit :

« Olala, j’en peux plus que ta mère t’appelle 5 fois par jour ! Elle est vraiment collante ! »

Vous pourriez lui répondre : « Si je comprends bien, tu es gêné que ma mère soit autant présente au quotidien. Peut-être as-tu l’impression que cela perturbe notre intimité  ? Est-ce que si je lui demandais de m’appeler seulement une fois par jour, ça te semblerait plus raisonnable ? »

Et j’ai aussi renoncé à ça…

Je dois avouer que, pour moi, il y a quelques années, c’était important d’avoir raison le plus souvent possible.

Et il pouvait aussi m’arriver de « bouder » et de ne pas refaire le pas pour me réconcilier avec l’autre.

Et puis, aussi, j’avais tendance à rendre les autres responsables de mes émotions. Un tel me rendait triste. Une telle m’énervait. Un autre me décevait…

Heureusement, grâce à la CNV, j’ai appris, et je continue à apprendre que :

  • Préserver la qualité d’une relation et son harmonie est beaucoup plus important qu’avoir raison. Par exemple, dans un couple, il est puissant de se considérer comme un duo solide ou comme une équipe de choc plutôt que de fonctionner en opposition avec l’autre
  • Refaire le pas vers l’autre et apprendre à présenter ses excuses est un acte courageux et il est souvent vraiment dommage de rester sur un malentendu ou une bête embrouille
  • Quand un conflit est sur le point de survenir, je peux encore faire quelque chose en me re-centrant, en respirant et en gardant mon calme. Si besoin, je peux sortir de la pièce ou même aller marcher à l’extérieur. Ainsi, je ne prononce pas des paroles sous le coup de la colère, que je regretterai sans doute plus tard
  • Assumer la responsabilité de nos émotions nous aide à devenir le personnage principal de notre vie et non une simple victime des autres
  • Il existe des critiques constructives, formulées par les gens qui nous aiment. Ces critiques sont précieuses et nous aident à évoluer. A contrario, il existe aussi des critiques mal placées, voire gratuites, et il est possible de s’en détacher et de les laisser glisser sur soi comme des gouttes d’eau sur le plumage d’un canard.

Quelques perspectives autour de la Communication Non-Violente

Commençons avec une citation très puissante d’Etty Hillesum, jeune juive néerlandaise, déportée à Auschwitz, dans Une vie bouleversée :
« Je ne suis pas particulièrement impressionnable. Non que je sois courageuse, mais je sais que j’ai en face de moi des êtres humains et que je dois faire de mon mieux pour comprendre chacun des actes d’un individu. Et c’est précisément là ce qui était important ce matin : non qu’un jeune officier bougon de la Gestapo ait hurlé contre moi, mais le fait qu’au lieu de m’indigner j’aie eu envie d’aller vers lui et de lui demander s’il avait eu une enfance très malheureuse ou si sa fiancée venait de le quitter. Car il semblait surmené et épuisé, maussade et affaibli. J’aurais aimé commencer à m’occuper de lui sur-le-champ, car je sais que des jeunes gens aussi pitoyables deviennent dangereux dès qu’on leur donne le moindre pouvoir sur leurs semblables »
Et voici, pour terminer, une superbe citation du philosophe israélien Martin Buber :
« Malgré toutes les ressemblances, toute situation de vie a, comme un nouveau-né, un visage unique, qui n’a jamais existé auparavant et que l’on ne retrouvera jamais plus. Elle appelle une réaction qui ne peut être préméditée. Elle ne demande rien qui appartienne au passé. Elle appelle une présence, une responsabilité, elle appelle l’être tout entier »
Je pourrais écrire sur la CNV pendant encore des heures, mais je préfère garder cet article pas trop long.
Si le sujet vous intéresse, alors je vous recommande, tout d’abord de lire le livre de M. Rosenberg. Et vous trouverez aussi de nombreuses ressources sur ce sujet sur le Net.

Les liens entre la CNV et le Yoga

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Dans les Yama et les Niyama, les grands principes de la philo du Yoga, on trouve notamment :

AHIMSA, la non-violence

SATYA, dire la vérité

ASTEYA, être honnête

Clairement, la CNV est tout à fait complémentaire du Yoga et nous permet d’avoir une attitude la plus yogique possible, sur le tapis de Yoga et aussi en-dehors !

A vous de jouer maintenant !

  • Et vous, connaissiez-vous déjà la CNV ?
  • Est-ce que c’est une technique qui vous parle et que vous appliquez ? Si oui, comment ?

Vous aimeriez trouver une Formation de prof de Yoga dans laquelle la Communication non-violente fait partie des valeurs importantes ?

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